Le chêne, le lierre et le pissenlit
Sur un grand chêne centenaire
Imposant de vieillesse
Étalant son feuillage, un
voluptueux lierre
Grimpait vers le ciel avec sa forte
hardiesse.
De l’exil des mortels du triste
cimetière
Les deux amis liés, aux invités
d’Hadès
Leur montraient leur union de force et de
lumière
Afin d’épancher leur détresse.
Soudain d’un monde sans passion
Des cris vinrent de ras de terre :
« - Seul compte l’éphémère
Vil envoyé de Sion
Contente-toi d’envahir les pierres
tombales ! »
Au lierre s’écria le pissenlit.
« - Tu n’es qu’un
prédateur maudit
Qui va être fatal
A ce beau bois de chêne
Qui ne servira plus aux
sépultures. »
« - Dent de lion tu me fais de
la peine… »
Blâma l’ami de Dyonisos, vu la
blessure
« - Te prendrais-tu pour le
soleil
Arborant ta fleur jaune
Pour dans un mois voir ta merveille
Muer en boule blanche et duveteuse
à l’aune
D’un trouble qui s’envole au
vent ? »
« - Ou bien que soufflent les
enfants. »
Ajouta le bel arbre juste de
droiture.
« - C‘est toi la mauvaise
herbe, à aimer les fissures
Des tombes, pour que les morts
viennent te manger
Par la racine ! »
« - Mon Dieu ! Pourquoi
le protéger ?
Le lierre épris des pierres et des
fentes des ruines
Est un écornifleur
Il n’a de la rose que l’épine
Et de la vie que du malheur
Embrassant qui le sert, étouffant
toute vie ! »
« - Mon pauvre pissenlit
Quand de ta beauté tu ne vis que quelques
heures
Et pour ton passage que quelques
nuits
Si moi je vis cent ans, le lierre
est séculaire
Et non point querelleur. L’ennui
C’est ton temps fugitif qui a pour
corollaire
Ta colère. »
« - Je ne suis que fidélité et
poésie »
Rajouta la liane à crampons
« - Je vis longtemps et peux
mourir où je m’attache.
Je me débrouille seul pour me nourrir sans tâche
Je me débrouille seul pour me nourrir sans tâche
Je ne suis donc pas un parasite
fripon
Car seul chute l’arbre malade.
Sinon nous nous rendons service
L’un étant support d’escalade
L’autre le protégeant des vices
Du gel de l’hiver et du soleil de
l’été.
De mon ami et compère le chêne
Fort de sa chaude haleine
Je fleuris de lumière
répétée. »
Les paroles s’envolent
Comme les pissenlits
Cette historiette folle
Afin de faire le lit
De ses hommes qui crient
Ou bien prient pour un cri.
Si les humains restent à la guerre,
Si cent ans usent l’arbre et la
stèle de pierre
Mille ans n’affectent guère
La très bonne réputation du lierre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire