dimanche 26 mars 2017

Le faisan et le renard

Une nouvelle fable et son aquarelle pour les amateurs...




Le faisan et le renard

A la lisière d’un bosquet
Un faisan de Colchide
Claironnant du caquet
Pour attirer une sylphide
Se posa sur un arbre
Embellit de ses couleurs d’or
Et cessa ses palabres  
Fier, beau, dans l’espoir de Pandore.
Tel un argonaute vénal
Au sein de la nature aux pâlottes nuances
Rusé renard si chic dans sa robe hivernale
Mirait le vol et l’élégance
Le plumage et la longue queue
Aux iridescences de bleu.
« Que nous sommes beaux. » Lança-t-il.
« Je préfère mes cuivres ! »
Brava le volatile.
« C’est donc vous qui gagnez les trésors de la vouivre ? »
« Qu’est-ce donc ? »
« Il s’agit bien d’un don,
Les trésors de Jason
Et surtout sa toison
Posés chez le serpent ailé
Reviendront de droit au plus bel emplumé
Arc-en-ciel de couleur…
A vous voir, c’est certain, vous revient cet honneur. »
« C’est donc moi ? Ça me grise. »
« Bel oiseau, voulez-vous que je vous y conduise ? »
« Tous ces trésors pour moi ? N’est-ce point mercantile ? »
« Que nenni !
Point de mythomanie,
Promesse de goupil. »
Où l’on voit que ça flanche
Aux vils envoûtements
C’est quand on scie la branche
Qui supportent nos fondements
Ou que l’on en descend
Au doux chant des sirènes.
D’un coup de dents en l’occissant
Le fourbe montra le vrai côté de l’aubaine.
Joli minois est séduisant
S’il veut trop plaire, il fait l’erreur d’être frivole
Sa fin n’est qu’un échec cuisant
Tout serment de renard avec le vent s’envole.


mercredi 22 mars 2017

Grand-Guignol

Ce sont souvent les événements de périodes vécues qui donnent des idées aux fabulistes...



Grand-Guignol

D’où sort la vérité ?
Mais de la bouche des enfants !
Ces derniers par témérité
Voulaient être distraits par un autre olifant.
C’est au théâtre de guignol
Que se tinrent les votes
Des fols postulaient pour le rôle
En arborant casquette, en défendant cagnotte.
Le peuple des enfants
S’échauffant et piaffant
Se donnait de la voix
Entendant élire le meilleur portevoix.
Les deux frères jumeaux
Aux mêmes jeux de mots
N’eurent pas d’attention
Lorsqu’ils firent la nique
Par faute de séparation
Le poste étant unique.
Le plus sérieux par sa superbe
Défendant la vertu
Se fit emporter par le verbe
Ses menteries, son style et son esprit obtus.
Le balourd et le niais
L’utopique, le mystique
Passèrent à côté
De l’univers des chiques.
Quant à la châtelaine
Elle ne les fit pas rire
Proposant plus de haine
Sans envie de sourire.
Un prince charmant
Qui ne se flattait pas, tout en flattant les autres
En était désarmant
De simples patenôtres
Faites des heureux, c’est le moyen de l’être
En donnant de l’espoir
Du rire, non du mal-être
Disant ne plus broyer du noir.
C’est lui qui fut élu
Résultat évident
Car les enfants n’aiment pas les hurluberlus ;
A la fin rien n’est plus vrai que ce que l’on sent

lundi 20 mars 2017

Trémolos pour corde sensible

Le temps et ces cycles des ans, qui me font penser à la lemniscate de notre étoile du système solaire, symbolisant l'infini. Ce sonnet pour marquer les passages d'anniversaires...



Trémolos pour corde sensible

Quand le ciel assombrit s'étire à l'horizon
La tête sans soleil minée par Phaéton
Le métronome des gouttes sur le béton
Fait pleurer les étoiles et mourir ma raison.

Les larmes chues du ciel de l’atroce saison,
Rappel subito de l’infernal feuilleton
Que cette vie tanguant au son du mirliton
Va dans son crescendo à hâter l’oraison.

L'arrivée du printemps sur cet hiver passé
Revivifie le corps que l’on croit, trépassé,
En rappelant d’Orphée, cet amour toujours fou.

Au rythme des perles aux reflets d'argents glacés
Sur leur adagio, un nouveau bourgeon essaie
D’aimer à la source d’une âme garde-fou.


jeudi 16 mars 2017

Au fil de...

A cette usure du temps que l'on ne voit pas venir.




Au fil de…

Au fil du sablier
Le corps a vacillé
Soudainement
D’un coup de sang

Au plus haut de la tige
L’esprit cède au vertige
L’effarement
Asservissant

La matière en naufrage
Offre à l’âme le tangage
Très alarmant
Pour l’angoissant

C’est au fil du rasoir
De la faux de l’histoire
Que l’on se ment
Le feu absent

 Perdue au fil de l’eau
La mémoire en radeau
Est un tourment
Abêtissant

La vie ne tient qu’au fil
Des aléas du grill
D’enfermement
Déliquescent

Las de fil en aiguille
Des flux qui se torpillent
D’asséchement
Évanescent

Espère au bout du fil
La poussière nubile
Enchantement
Luminescent