samedi 26 mars 2016

Rue des fables

La vie est faite de partages. La fable que je publie aujourd'hui est dédiée à un site internet que je vous invite à visiter pour sa qualité. Le site "Rue des Fables" (accessible directement en cliquant sur ce lien) est réservé à tous les fabulistes et à toutes les fables ; leurs gestionnaires ont aussi la gentillesse d'héberger mes 19 fables dont le paradoxe est que les deux dernières ne sont pas encore éditées sur mon propre blog.





Rue des fables

Que de toute âme du pays
Ne connaissant Château-Thierry
On en boude la fable
J’y consens ; mais que Rue des Fables
On ne croit à l’Histoire
J’ai très peine à y croire.
Un fabuliste assoiffé et aphone
Dans une pirouette
Avait perdu la faune
De l’agneau et du loup ; du coq la girouette.
Car c’est de La Fontaine
De son eau de jouvence
Que l’on boit à grands traits et sans aucune peine
Ses rimes et ses vers avec bienveillance,
Que l’on va de l’avant
Comme pour les enfants
C’est toujours en piaffant
Que l’esprit est vivant.
Ayant perdu fontaine, il rechercha la source
Rencontra l’Ignare qui lui vida l’esprit
En fit un combattant sans aucune ressource
Contre lettres et culture à avoir le mépris
La mauvaise rencontre en chemin des embuches
Fit que notre quidam
En devint tout nunuche.
Puis survint une dame
S’appelant « Rue des Fables »
Une fée du logis connaissant rimes et vers
Qui notant ses travers
Lui tint ses propos très affables :
La route est parsemée de fables
Comme le sommeil l’est de songes
Et d’aucuns cherchent l’inéffable
Le vrai plutôt que le mensonge :
Pour tous les fabulistes en herbe
Je suis la Rue propice
Aux morales et proverbes
A livrer leurs délices ;
Par les figures virulentes
Qui savent accrocher les têtes les plus lentes
Les fables font l’histoire
Et livrent leurs secrets
Du rève le concret
En séduit toujours l’auditoire.
Et quand on nie la vérité ?
Rue des Fables bonhomme
Dont les beaux contes sont l’héritage de l’homme
Et d’une indicible acuité !
Pour vous quelques « Hourrah »
Les mots tuent tout autant
Que fusils crépitants
Comprenne qui pourra !
Et notre fabuliste
Redevint libelliste.
Si au bout de la fable
Il y a une morale
Nous écrivons des fables
Pour garder le moral.
Le miroir du visage
Reste comme l’ignare
Emplein de parti-pris
Il faut un balisage
Rue des fables est un phare
La psyché pour l’esprit.

mardi 22 mars 2016

Sonné de Dieu

Dire que j'avais écrit ce sonnet en 2001.
Il a déjà 15 ans d'âge...


Sonné de Dieu

Sûr de lui, tel un djinn, fier éclair de son culte
Investi d’un destin, qu’il s’octroie comme un prince
Trop jeune adepte au fiel du taliban qui rince
Il se croit immortel au comble de l’insulte.

Bête immonde offensée qu’un tyran catapulte
Charpie de chair léguée dans des tôles qui grincent
A l’oubli d’un prophète exalté qu’on évince
Pour assouvir le monde aux profits de l’inculte.

Au titre de quel dieu, faut-il tous les mille ans
Pour d’odieux sacrifices, assister impuissants
A des fêtes sanglantes au vil goût d’amertume ?

Et pour l’humanité, les croyants, les croisés,
Les athées condamnés étranglés de nausée
Ne croient qu’en l’espérance à seul titre posthume.

lundi 21 mars 2016

Les mangeurs de noisettes

Quelques affaires financières croquignolesques qui prennent souvent de court des naïfs fortunés m'ont inspiré cette dernière fable et une aquarelle bien sûr pour l'illustrer.




Les mangeurs de noisettes

Des mangeurs de noisettes
Il en est de trois races :
Par peur de la disette
Celui qui les entasse,
Pour l’immédiat plaisir
Il y a le glouton,
Pour les en dessaisir
Toujours un faux-jeton.
Éclairons donc ce fabliau
Par un troublant trio.
Pour six avelines au sol, un mulot furieux
Criait à l’écureuil qui voulait les garder
« Je les ai vues avant et ce fut laborieux
Donc je n’entends pas me faire roublarder ! »
L’économe animal
Qui n’aimait pas le gaspillage
Se boucha les oreilles à ce babillage
Ne voulant rien entendre du pédant féal.
Arriva soudain à propos
Saisissant les noisettes
La sittelle orangée qui ayant vu l’appeau
Comptait en faire sa dînette.
« Il est », dit-elle, « assez de ces  gamineries
Votre queue en panache
Ne vaut chicanerie
Quant' à vous la ganache
Ne vaut mutinerie ;
Il faut que ça se sache
Je suis dans la finance des fruits frais
Et de ces avelines
Je vous offre intérêt. »
« Comment ça ? » dirent les deux cucul-la-praline.
« Pour tout placement dans nos coffres
Je vous donne du cinquante pour cent d’avance
N’est-ce pas là belle offre ?
Pour vos six noisettes la chance
D’en gagner la moitié ? »
« D’avance ? » ânonna l’un,
Quand l’autre grainetier
Dit d’un ton fiscalin :
« Trois de plus feront neuf
C’est facile à comprendre pour ton crâne d’œuf »
« Si tel est notre accord, dirent les mammifères
Quand donc livrerez-vous ? »
« Dans les six jours francs, » dit la sittelle très fière
« Je donne rendez-vous,
Et donc sur les six, je ne vous en prends que trois
Puisque l’on paye d’avance sans piauler
Ce que l’on vous octroie. »
Pas besoin de savoir voler
Ni d’être très savant
Il s’agit de grand art que de vendre du vent.

dimanche 20 mars 2016

Démangeaisons

La peur de l'inconnu éveille nos instincts et impose une gestion inconsciente de nos émotions dans le sommeil en jetant des ombres dans nos rêves... Selon Freud le rêve réalise un désir sexuel refoulé... Quoi qu'il en soit on a beaucoup de mal à les interpréter.
Je me suis amusé avec cette aquarelle à démanger la muse des rimes.



Démangeaisons

D’un buisson bruissant la muse
M’a soufflé l’attrait d’assoupissement
Libido bidon, testament d’amant
D’un buisson bruissant la muse
Aiguilla le chas, refréna l’aimant
Occulta l’état, transfusa la ruse
D’un buisson bruissant la muse
M’a brûlé des rais d’alanguissement
M’a lancé des traits d’acoquinement.