Quelques affaires financières croquignolesques qui prennent souvent de court des naïfs fortunés m'ont inspiré cette dernière fable et une aquarelle bien sûr pour l'illustrer.
Les mangeurs de noisettes
Des mangeurs
de noisettes
Il en est
de trois races :
Par peur
de la disette
Celui qui
les entasse,
Pour
l’immédiat plaisir
Il y a le
glouton,
Pour les
en dessaisir
Toujours
un faux-jeton.
Éclairons
donc ce fabliau
Par un troublant
trio.
Pour six
avelines au sol, un mulot furieux
Criait à
l’écureuil qui voulait les garder
« Je
les ai vues avant et ce fut laborieux
Donc je
n’entends pas me faire roublarder ! »
L’économe
animal
Qui
n’aimait pas le gaspillage
Se boucha
les oreilles à ce babillage
Ne voulant
rien entendre du pédant féal.
Arriva
soudain à propos
Saisissant
les noisettes
La sittelle
orangée qui ayant vu l’appeau
Comptait
en faire sa dînette.
« Il
est », dit-elle, « assez de ces
gamineries
Votre
queue en panache
Ne vaut
chicanerie
Quant' à
vous la ganache
Ne vaut
mutinerie ;
Il faut
que ça se sache
Je suis
dans la finance des fruits frais
Et de ces
avelines
Je vous
offre intérêt. »
« Comment
ça ? » dirent les deux cucul-la-praline.
« Pour
tout placement dans nos coffres
Je vous
donne du cinquante pour cent d’avance
N’est-ce
pas là belle offre ?
Pour vos
six noisettes la chance
D’en
gagner la moitié ? »
« D’avance ? »
ânonna l’un,
Quand
l’autre grainetier
Dit d’un
ton fiscalin :
« Trois
de plus feront neuf
C’est
facile à comprendre pour ton crâne d’œuf »
« Si
tel est notre accord, dirent les mammifères
Quand donc
livrerez-vous ? »
« Dans
les six jours francs, » dit la sittelle très fière
« Je
donne rendez-vous,
Et donc
sur les six, je ne vous en prends que trois
Puisque
l’on paye d’avance sans piauler
Ce que
l’on vous octroie. »
Pas besoin
de savoir voler
Ni d’être
très savant
Il s’agit
de grand art que de vendre du vent.
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