mercredi 27 juin 2018

Le corps et l'esprit

Porteur d'une barbe, il m'arrive parfois en me couchant, comme le capitaine Haddock, de m'interroger : " Dessus ou dessous les draps ? ". Une petite fable sur un sujet tout aussi difficile...


Le corps et l’esprit

Les sages Socrate et Platon,
Voient dans le corps l’animalité extérieure
Cachant la beauté intérieure
De l’esprit. En tant que faiseur de rogatons
Laissez-moi vous conter ce qu’il reste de l’âme
Quand le corps fait obstacle à l’esprit de sa flamme.
L’esprit était en rage :
 « - Tu es un obstacle à ma vie. »
Le corps était en nage :
« - Vois où nous mène tes envies ! »
« - Je suis le cavalier
Tu n’es que la monture ! »
« - Alors respecte donc le cheval, pauvre niais !
Et entraine-toi avec moi dans la nature ;
Car l’émotion tient l’intellect
Elle est avant le rationnel
Et c’est moi qui t’inonde de nouvelles. »
« - Calme-toi ! Tu me fais peur avec tes collectes ! »
« - C’est l’angoisse mon bon »
« - Et la tentation charnelle salaud ! Angoisse ? »
« - T’en plains-tu ? Que je sache ce n’est pas la poisse !
A toi de maîtriser mon bon. »
« - Tiens-toi à distance, tes ressentis me nuisent. »
« - Mais sans moi, tu te vautres ! »
« - Mais pourquoi sommes-nous donc unis l’un à l’autre ? »
« - Pour que je te supporte lorsque tu te grises ;
Jusqu’à la tombe mon bon, où tout disparait ! »
« - Toi, tu disparais, moi je reste ! »
« - Ah ! Ah ! Ah ! Elle est bien bonne, mais n’est pas vrai
L’esprit, j’en suis navré. » « - Le corps, je te déteste !
Mais si je me dis : Suis-je ou ai-je un corps ?
Je suis dedans ou bien dehors ?
Voilà toute la différence
Entre l’objectif et le subjectif
Je perçois l’image ou le réel ? Beau naïf.
Aïe ! Aïe ! Tu me fais mal ! » « - Pas de chance !
Contrôle donc mon bon !
Contrôle et maîtrise ton si bel étalon. »
« - D’abord, je ne suis pas ton bon !
Tu n’es qu’un grand malade et tu me rend malade,
Tu te moques bien de l’élévation de l’âme
Ne me faisant penser qu’à la dégringolade
Par de soudains malaises infâmes ! »
« - On s’use, tu m’uses, je m’use,
Mais je ne sais dire lequel des deux abuse ? »
Ainsi, d’envi, leurs bisbilles n’avaient de cesse.
Il en est ainsi de l’humaine engeance
Sans devenir l’esprit vieillit dans la sagesse
Et sans autre avenir le corps dans la souffrance.




samedi 23 juin 2018

Complainte à mon ami émigré

Par les temps qui courent, se rappeler que nous descendons tous du "Sapiens" issu d'un coin d'Afrique... à la conquête de territoire. Et comme tout mammifère, qu'il est, l'homme a tendance à défendre aux autres son territoire (l'encre de chine est l'une des illustrations de mon roman "Les Princes de bast")



Complainte à mon ami émigré

Il est un homme de toujours
A descendance unique
Né au fil de l’usure des jours
Là, ici, ailleurs, biogénique
De vertu immanente
S’agrippant ou bien s’enracinant
Éperdu de l’empreinte de l’amour

Qu’il soit nomade ou sédentaire
Fuyant l’abject, le meurtre, l’envie
Abel ou bien Caïn, bien belle affaire
Titubant aux chemins de la vie
D’envie éblouissante
Le voilà loquedu aux confins de sa terre

Qu’il soit loup ou bien renard
Fuyant l’abject, la force, la menace
Sans adieu, sans traquenard
Transhumant sur le terrien espace
D’envolée enrichissante
Le voilà étendu aux jungles du zonard

Qu’il soit réfugié ou émigré
Fuyant l’abject, l’exode, et la violence
Sans remords et sans regrets
Flageolant aux limites de l’espérance
D’une condition tranquillisante
Le voilà confondu aux douleurs du progrès

Qu’il soit poète ou moins lettré
Fuyant l’abject, le vol, l’esclavage
Sans papier et sans attrait
Chancelant au bord du rivage
D’espérance décevante
Le voilà pendu par des regards outrés

Qu’il soit noir, jaune ou moins bien peint
Fuyant l’abject, la mort, la déroute
Sans artifice et sans copain
Titubant au bout de la route
De guerre avilissante
il arrive perdu d’un pays sans destin

Qu’il soit d’ici ou moins bien né
Fuyant l’abject, le vice, le vil
Sans domicile et sans monnaie
Vacillant au bout d’un fil
D’une vie brinquebalante
le voilà suspendu à sa propre destinée




mercredi 20 juin 2018

Le ressac

Il est des résurgences morales qu'il faut savoir extraire telles des épines de bois qui se fichent dans les chairs...



Le ressac

J’émergeais enfin de ma torpeur
C’était le parc aux fontaines
L’eau coulait des robinets de bronze
Le vent hurlait dans un ciel vert de gris
Voilant les cris de l’innocence tus à l’horizon
Par les glouglous de l'eau.
Le crépuscule suintait de tous ses bords
L’horrible odeur de la sueur des champs
Encens dévastateur d’une enfance
En sang et en douleur
Marquant d’un fer rouge au plus profond de l’être
L’éternité d’une mortelle inquiétude
A vivre dès à présent.
Un présent lourd de tant d’années
Tel le présent empoisonné
D’une méchante fée.
Je pénétrais sous la pergola, la même ambiance
La table, le buffet, la remise
La poussière était toujours de mise
J’aurais souhaité qu’elle entrât la maudite
Fossoyeuse de mon enfance
La revoir dans la pénombre de l’escalier
Son air sombre de folle à lier.
Je poussais la porte grinçante donnant sur l’assommoir
A la recherche de l’infâme
Retrouver ce monstre de femme
Espérant l’effacer de ce monde
Comme l’épine en retirer l’immonde
Du venin moral en extraire
L’enfer de ma chair ;
Il me sembla reconnaître d’autres cris
Des rires d’enfants gais et joyeux,
Petits canards esquivant de voir le sort du vilain boiteux.