samedi 27 janvier 2018

La Comédie des mots

Ma dernière fable, question de nourriture d'être...







La Comédie des mots

Vivre n’est pas chose facile
Évoluer est encore plus difficile.
Au palais des fredaines
L’archiviste patenté des fables du livre
Était Croquemitaine ;
Prétextant son manque de savoir vivre,
D’aucuns se plaignirent.
Le noir capitaine des mots
Pour apaiser leur ire
Sur les fonts baptismaux
Des pertes et profits
Le priva du défi
De l’amour des bons mots
Arguant que ses contes de fées
Faisaient peur aux enfants.
Sur le coup de l’effet
Survinrent des prétendants,
Des détenteurs de vérité
Cloîtrés dans leur promiscuité.
Et tous ces vertueux
Non point présomptueux
Détenaient la bonne formule
Des mots d’amour précieux
Se disant tous émules
Des principes de Dieu.
Leur persuasion pouvait prêter à rire
Dans cette prétention du bien savoir écrire.
La soubrette malicieuse et charmante
Zerbinette coquette,
En tout point désarmante,
S’était lancée à la conquête
De l’album des trésors,
La vertu en décor
Pas question d'y parler trop fort.
Rosalinde, des fabliaux
A la fois jeune et vieille,
Maniant la plume avec brio
S’arrogeait le droit de conseil
Sur le beau livre d’or,
La censure en confort
En refusant les métaphores ;
Le Polichinelle sournois,
Redoutable retors
Si grincheux, menteur, mais courtois
Courait à travers et à tort
Ayant pour ce bouquin
Le désir du faquin
Refus de se montrer taquin !
Enfin Matamore en matois
Voulait être mentor
Par ses mots ; fort adroit
Il avait déjà coffre-fort
D’un recueil catalogue
Au verbe démagogue
Sans besoin d’apologue.
On manda l’avis de Pierrot de blanc vêtu.
Il regrettait le retrait du Croquemitaine
Qui archivait tout écrit sur vice et vertu
Tous les côtés de l’âme humaine.
Dans le livre qui, comme nourriture
Alimente le corps,
Lecture et écriture
Nourrissent les esprits d’accords
Sur cette ignorance à tuer
Pour être plus heureux.
Lors, il leur dit à chacun : « Sois ce que tu es
Deviens ce que tu peux. »