dimanche 14 janvier 2018

Le Héron et la Belette

Avec le raz le bol des bonimenteurs et la vision d'un héron immobile au bord d'un étang, cette fable de circonstance.




Le Héron et la Belette

Au bord d’un étang un héron cendré
Immobile et madré
Gris, élégant, hautain
Restait piqué à mirer l’eau, certain
De la manne et du breuvage à portée de bec
Evitant tout salamalec.
Théâtral dans son costume impeccable
Le bec jaune orangé en forme de poignard
Notre oiseau silencieux dans cet affut durable
Etait insensible au cagnard.
Sortie de la souche lui servant de tanière
Pour se prélasser aux rais du soleil
La mignonne belette altière
Petite bête féroce au réveil
Aperçoit le héron.
Notre carnassier aux dents longues
Veut se payer sa fiole, haranguant ce larron
Pigeon sur bâtons à la tête oblongue.
L’échassier déteste qu’on s’intéresse à lui
Haut perché, les yeux vifs
Il évalue celui
Qui lui semble être un escogriffe.
L’animal complexé par sa petite taille
Flatte alors tel un pipelet
Et cherche à séduire cette haute piétaille
Comme oiseleur tend son filet :
« - Monseigneur du Héron malgré votre grandeur
Etes mal protégé dans ce monde cupide
Où règnent les rodeurs
Dans cette zone humide emplie de gens avides ;
Je mène une bande de rats
Qui contre paiement, pareront vos embarras. »
Point de mot de l’oiseau au long cou replié.
La belette perverse excite la querelle :
« - Je suis dans l’affliction, vous me faites pitié
Car j’ai vu dame Héron jouer la sauterelle
La huppe déployée
Plumage ébouriffé
Aller dans le nid voisin enlever ses plumes
Vous faisant dindon plutôt que héron ! »
L’oiseau ne pipa mot, ni signe d’amertume.
L’animal ambitieux et fanfaron
S’approcha au plus prés
A l’égal d’un Dieu de sa colère diaprée
Pour tancer le héron : « - Fi ! Je ne vous hais pas
Mais que je vous méprise !
Vergogne et infamie vous courrez au trépas ! »
Le héron sans surprise
D’un coup de bec bien ajusté
De pêcheur attesté
A la vitesse de l’éclair
Asséna un coup mortel à l’atrabilaire.
Puis très digne à pas lent s’en alla le héron
La belette rougissante et menue
N’avait plus d’émotions.
Le sage a de la retenue
Et ne veut pas le mal
Quand l'insensé arrogant animal
Trop sûr de son impunité
Vient pondre sur les autres des insanités
Toujours le mensonge détruit et avilit
Seule la sagesse construit et ennoblit.

1 commentaire:

  1. Comme d’habitude une fable, encore, magnifique ! Bravo Daniel, un régal de vous lire. Merci
    Sylviane

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