mercredi 28 août 2019

Les plumes du coq

Qui ne s'est pas fait plumer ?



Les plumes du coq


On a perçu dans les grands livres
De ces femmes qui sans croix ni bannière
Des vertus nous délivrent
Sans autre forme de manière.
On a connu de ces mauvaises filles
De qui Satan s’étant assuré l’âme
Rendues retors comme chenille
Vous monnayait leur flamme.
Donc ma chronique a mémoire gardé
De cette huppe fasciée qui, en Languedoc,
Tout en le laissant regardé,
Dévalisa messire coq
Avec si douce et noble courtoisie,
Que-bien qu’il eût, en plein cœur de l’hiver
Pépié pour elle à l’aurore rosie
Fut par elle laissé nu tel un ver.
Déplumé de queue et de vivres
Le gallinacé de démence resta ivre
On ne l’entendit plus chanter.
En mettant l’une de ses  plumes à l’encrier,
Il en est ainsi des travers de nos élites
Vers elles ils vont comme des papillons
Se brûler à leurs lumignons
Puis nous laissant endosser leurs faillites,
Chacun étant farci
Les quittent en leur disant merci.
Tout animal quelconque
Succombe au charme sans se faire prier
De ce fait on peut donc
Plumer tout coq sans le faire crier.


samedi 24 août 2019

Haïkus de morsures

Il est des jours plus difficiles que d'autres...





Haïkus de morsures


La beauté du jour
Tant de cycles pour la vie
Glas de l’espérance

La grâce des femmes
Tant de saisons pour l’envie
Folle sénescence

La splendeur des arts
Tant de raisons asservies
Râle d’impuissance

L’attrait des désirs
Tant de bonheurs poursuivis
Vil déclin des sens

L’éclat du renom
Tant de motifs de survie
Crépuscule intense.






mercredi 21 août 2019

L'enfer des légumes

Voici la dernière née de mes fabulettes. Parfois la morale n'est pas ce qu'on attend de l'apologue, mais toute comparaison avec quiconque ne serait que fortuite...



L’enfer des légumes


Un petit champignon très vénéneux
Lassé d’être un pestiféré
Se pointa dans un potager
Pour ne plus être chagrineux.
De ces légumes il enviait la chance
D’avoir autant de soins ;
Il appréciait la déférence
A cultiver leur embonpoint
Pour lors de l’âge mur
Faire les honneurs de la table.
Au pied de sa ramure
Passa un escargot irréfragable :
« - Ce potager que tu crois paradis
Est jardin de supplices ;
Ce qui te parait n’être que délices
Est une antichambre à l’enfer. J’ai dit ! »
L’amanite douta.
Le gastéropode ajouta :
« - La décollation du poireau,
L’écrasé de tomates,
Le petit pois arraché tout marmot
Pour devenir reclus perpétuel en boite,
Les légumes du pot-au-feu pour les convives
Précipités dans l’eau bouillante,
La pomme de terre et la carotte flambante
Chacune écorchée vive,
Le persil et les échalotes
Trépassés au fil du hachoir !
Est-ce ça tes envies de chiotte
Finir dans l’écumoire ?
Le champignon épouvanté
Regagna sa forêt.
Pour être tranquille, mieux vaut être mauvais
Ce sont les bons qui sont mangés.


dimanche 18 août 2019

Cri d'amour

Ces derniers vers en souvenir de la mer qui me manque... mouvante et bruissante d'un vagissement constant ininterrompu.




Cri d’amour


Océane senteur
Aux fragrances aimées
Comme l’huitre et l’oursin
Qui s’embrassent
Et s’insèrent
Sur la mer, enchaînés
Par leur abouchement ;
En un souffle de vent
Et suspension du temps
Je caresse ce sein
De cette onde baignée
Le presse de culture
Comme perle nacrée
Sève marine
A l’écume de jouvence
D’une foi débridée
Nourriture idyllique
D’un estran inondé
Aux confins d’une vasque
Aux abords argentés
Commissure entrouverte
Comme issue de secours
Découverte
Aux amours déchaînées
De l’amer ventriloque
Quand la mer se disloque
Aux criques pénétrées
De l’esquif amarré
En flux et en reflux
Vifs ou interminables
De dragues à marées
Par vagues mugissantes
Assouvies de plaisir
Par leurs secousses humides
Dans ce râle de bonheur
Au fond du bel abysse
Explosant les parois
Des falaises adjacentes
De frémissants tremblements
D’intensité croissante
Jusqu’au total abandon
Perdu dans la tempête
Part un dernier S.O.S.
Stimulant la défaite
Du mât qui va plier
Emporté dans le gouffre
Qui l’en a tant prié.