mardi 6 août 2019

Tarot 15 - Le luminaire du Soleil

Enfin après avoir étudié les deux précédents luminaires du Tarot (l'étoile et la lune) terminons avec l'étude de ce fabuleux luminaire du Soleil portant le chiffre 19...



Le Soleil, le luminaire
De la lumière révélée
           
Il n’y a pas de hasard. Seule la méconnaissance utilise ce terme. L’arcane dit lumineusement que lorsque le Soleil nait, toute la nature se tourne vers lui d’une unité absolue. Les rituels religieux prétendent que sur lui est gravé le nom ineffable. Le soleil régénère et favorise les guérisons. Les deux enfants sous les rayons symbolisent la force de la raison et le vertige de la folie qui s’accordent pour enfanter la sagesse divine. C’est ainsi le retour à l’androgyne seul état homogène de la conscience. La carte représente encore le rayonnement et le centre de l’être, c’est le Soi de Jung. Les deux jeunes garçons quasiment nus, vêtus seulement par un pagne de couleur bleu, l’un avec la main sur le ventre de l’autre, l’autre avec la main sur l’épaule du premier, sont sous l’emprise des rayons du radieux luminaire céleste. Le soleil brille au-dessus d’eux comme l’astre de l’Amour en parfaite harmonie. Un muret de briques de couleur or et rouge se trouve derrière eux, c’est le petit muret des interdits. À leurs pieds sur certains arcanes un parterre fleuri en forme de cercle, indiquant la sortie possible du cycle des réincarnations. La lumière inonde de 13 gouttelettes (je n’ai plus à expliquer) qui arrosent les enfants. La carte précédente qui représente la Lune (voir article précédent Tarot du mois de juillet) fait ainsi place au soleil qui permet de remarquer les objets sous leur vrai jour. Maintenant il est possible de distinguer le vrai du faux, permettant d'avancer sur la bonne route. Attention néanmoins à ne pas faire comme Icare qui s'y brûla les ailes. Le Soleil nous dit que lorsque l’intelligence humaine se libère de l’envoutement terrestre, elle peut accéder à l’intuition ; il préside à l’union de l’intelligence et de la sagesse. Le Soleil révèle son aspect éternel saisonnier au niveau spirituel, Noël, miracles, Passion Résurrection et Ascension. La Résurrection reste l’analogie divine de l’acte de la mémoire humaine, liant intuition et intelligence humaine dans la sagesse. Le soleil est aussi celui de minuit, l’étoile à travers les âges. C’est la clé du mystère entre le Verbe et la compréhension, entre le Père, le fils et le Saint esprit. Il est encore la clé du sceau de Salomon. 
La lame est à dominante jaune, donc très marquée par le divin, elle symbolise l’ordre, la loi, le Grand-Œuvre alchimique. Le Soleil dispense, la lumière, la chaleur et la vie. Il nous permet de voir, d’être dans la conscience. Le mur représentant l’interdit posé par la loi ; il est peu élevé et en le sautant permet la transgression des limites qui nous sont données par le père. Il est rouge évoquant le désir, la pulsion de la vie, l’éros qui tente toujours de déborder les limites de la loi. Le père en donnant le nom (transmission), l’identitaire, donne aussi le non (rectitude, justice), le premier interdit, la première limite qui situe l’enfant. Le nom établit le lien de transmission et limite les possibles. Le Soleil archétype contient la notion d’unité spirituelle ; l’enfant qui a pu se situer clairement par rapport à la loi d’amour se structure solidement, il intègre sa propre loi pour se construire. C’est un processus d’évolution et de transcendance. Les différents types de rayons, rectiligne ou flammé montre que le Soleil réchauffe et verticalise. Ils évoquent la rigueur autant que l’absence de rigidité et ils ont un sens profond. (Voir à ce sujet le prochain article qui sera intégralement consacré à ce sujet).
Les deux enfants expriment la dualité de tout être, le dualisme de ses tendances spirituelles ou matérielles et leur opposition interne. Les jumeaux renvoient par leur ambivalence analogue à la symbolique de la croisée des chemins. Ce croisement devient centre du Monde, il est la rencontre avec le destin. Ils nous parlent aussi de la peur devant l’inconnu et du choix à faire : l’un montre la terre d’où l’être humain s’élève, et il touche la nuque de l’autre pour lui dire de se tenir droit (verticalisation), l’autre pose sa main sur le plexus solaire du premier, et lui demande de rayonner, de dispenser la lumière et la chaleur sans réserves. C’est là toute l’évolution de notre Moi. Quand la terre est au centre, le soleil tourne autour, comme l’enfant est centré sur la Mère avant de se différencier ; puis le Soleil devient centre de l’Univers, et la terre tourne autour de lui. C’est le Moi tout puissant, le pouvoir du Roi-Soleil. Il nous faut mourir à ce pouvoir absolu et cela ne se fait pas sans souffrances. Enfin le Soleil est une étoile dans la multitude, la conscience effectue un passage difficile du Moi au Soi. Le soleil symbolise le cœur qui est le centre de l’être. Il est la lumière opposée à l’ombre lunaire. C’est l’intelligence consciente, l’épanouissement spirituel, l’éveil.
Les deux pierres or sur le sol, qu’on avait découvertes blanches à la Maison-Dieu, évoquent le travail de construction du au labeur alchimique (de la pureté à l’or solaire). Dieu se souvient de ce que l’homme oubli, les deux arcanes suivantes symboliseront cet oubli et la mémoire. Ces deux enfants font penser à une naissance ou renaissance, aux deux diablotins du 15 (le diable) qui se seraient libérés, aux deux personnages du 16 (la maison dieu) qui se sont vivifiés. Après la destruction de l’Ego et sa dualité, le soleil réunit animus et anima. Cela est une symbolique des solstices solaires avec Jean le Baptiste et le Christ ; le dernier nait le 25 décembre, moment ou le soleil renait ; le premier cousin du Christ est célébré le 24 juin, moment ou le soleil décline ; « Il faut que je décroisse » dit-il pour annoncer le Messie. L’un rassure l’autre, à qui il est demandé un grand sacrifice. Le Soleil, représente également par son association à la Lune (arcane 18), le yin et le yang, les belles fonctions paternelle et maternelle. Après la compréhension du langage symbolique (la lune) qui permet à la conscience souterraine de s’exprimer, vient le temps de la lumière différenciée. En s’arrachant de la circonférence, le bateleur trace vers le centre et n’est plus circonscrit dans les cycles sans fin qui se proposent à lui. Il entend son âme. Il n’est plus prisonnier de son nom, ni objet de sa mémoire. Il a compris le renoncement à tout posséder afin de recevoir Eros à travers les arcanes de l’Amoureux (6), de la Force (11) et du Diable (15). Il perçoit que la vie commence là où s’arrête le sentiment de confort. L’Ego n’a plus besoin d’avoir. Le bateleur se rapproche de son point d’origine. Il est prêt à rencontrer le « féminin » de Dieu dans l’avec et non pas dans la possession. Le Soleil et la lune représentent les noces alchimiques de la matière sublimée et de l’esprit. L’énergie lumineuse n’existe que dans la vie, cette vie qui utilise les supports de la matière entropique pour s’unifier dans le sublime.


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