mercredi 18 janvier 2017

Jeu de dupes

Encore une petite fable sur Dame Nature.



Jeu de dupes

Sur son fil une courtisane
Aspirait au repos
D’un travail filigrane
Construit bien à propos.
Dans les airs une libellule
Virevoltait toute à son aise
Cherchant au crépuscule
Quelqu’un qui la déniaise.
Lorsque l’une prêchait pour une faim primale
L’autre sans fin, tissait à mal.
« Eh bonjour » dit l’épeire
A notre péronnelle
« Je vous ai observé sur votre plan d’eau claire
A gober vos vers en kyrielle
C’est peu ! Venez donc à ma toile
Faire un repas royal. »
« Aurais-je moucherons, moustiques et papillons
Vivants et à mon aise ?
« Un festin de grillon ! »
« Les déchiquetant, moi-même, ne vous déplaise ? »
« Bien sûr » répondit l’Arachné
A notre embobinée.
Regard dans les étoiles
Du chemin printanier
La demoiselle ailée s’englua dans la toile
De l’ardente araignée
Aux aguets.
« Déliez-moi madame… »
Pleurnicha notre intruse.
« Vous qui vous montriez infâme
Ne voudriez donc point qu’à mon tour je n’abuse ?
Mon tissage de soie
Emprisonne mes proies
Dont je fais mon régal ! »
Brusquement, nullement poussé par la fringale,
Un vrai prédateur de réflexe
Une mante aux mandibules fortes et broyeuses
Vraie machinerie bousilleuse
Sans le moindre complexe
Et sans aucun scrupule
Mis en morceaux nos deux crapules.
Quels que soient nos penchants
Quels que soient les enjeux
Quand on suit les méchants
On périt avec eux.

1 commentaire:

  1. Tout méchant disant " Faire du bien " cache son naturel. Malgré la belle illustration de cette fable si bien écrite, je reste réfractaire aux arachnides.

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