mardi 3 janvier 2017

Le chat et la peluche

C'est une vieille photographie d'un chat qui m'était cher, qui a inspiré cette fable.



Le chat et la peluche

Un maître avait chat et souris
Faisant grand charivari
Tant ils étaient amis, dans sa salle de classe.
Il fallut donc, que maire et parents se mouillassent
Et comme on ne tue pas les chats
Ils livrèrent à l’autre trublion
Une bataille sans rachat.
Fi de la rébellion
 Qui vous livre un cadavre
De rongeur au museau pointu
Voilà que notre chat se navre
A tel point qu’on craint qu’il se tue !
Pour éviter la moindre embûche
Et pour amuser les enfants
On lui trouva une grise idoine peluche
Dont il s’amusa un instant.
De son amie l’absence
Le plongeait dans la léthargie.
Dès lors le maître était heureux de son silence
Qu’il soit signe de paix, bonheur ou bien d’ennui
Surtout cette absence de bruit
Du doux félin ne bougeant plus
Faisait que l’enfant soit instruit
Sans que plus rien ne lui déplut.
Le chat devint bouffon
En étant lui aussi peluche
Cotonneux, comme sa doublure de chiffon
Se laissait tout faire par toutes les paluches ;
On la lui mettait sur la tête
Et il ne bronchait plus.
Un jour que le maitre eut finit ses historiettes
Au sujet du poilu
Le moustachu pris de furie
En grimpa aux rideaux
Griffant tout à l’envie
Déchirant en lambeaux
En mordant la peluche
La lacérant en mille pluches
Dément, bigre !
Cruel et feulant comme un tigre.
Puis tel l’éclair il disparut
Sans qu’on ne l’ait jamais revu.
Il n’existe pour le deuil aucune science ;
La violence est le bruit
Du plus grand des silences
Pour la souffrance enfouie.

1 commentaire:

  1. Maintenant je comprends quand on dit « les fables du 21e siècle ». C’est juste superbe. Quelle écriture! quelle fluidité ! Bravo monsieur Daniel Allemand. Bravo.
    Sylvie

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