jeudi 7 juillet 2016

La souris et le chat

Étonnant que ce titre n'ait pas fait jusqu'alors le sujet d'une fable ?...




La souris et le chat

Une souris grise échappa à la tapette ;
Mais du piège le bruit, en attira le chat
Qui de son air altier la trouva tristounette :
« Louez votre rachat
De très courte durée
Car pour rendre votre âme à Dieu
Il faudra vous transfigurer ! »
« Je n’ai pas besoin de captieux ! »
Répondit l’animal subtil
Ironisant d’un feint babil :
« Entre l’appât et le minet
De l'un je suis prudente et donne mille attraits.
Pour preuve ce comté qui m’est abandonné
Quand l’autre aux griffes vives tend à parler abstrait,
Pour mieux m’embobiner. »
« A ne sentir que matière et gruyère au nez
Offensant le cœur pur qui ne pense que chasse
Souris ne manque pas d’audace !
Or pour devenir bon martyr
Il faut vous convertir
Dès lors faites donc vos prières ! »
« Mais ce que vous appelez Dieu
Moi je le dis Principe
Voilà qui m’émancipe
Faites donc marche arrière
Je vous fais mes adieux ! »
Ils n’eurent plus pensée commune
Titillant chacun leurs vibrisses
Pour une lutte gladiatrice.
A l’ouïe le chat borna sa proie opportune,
Position aplatie et mouvements furtifs
Observant l’objectif ;
Puis d’un coup il balança de l’arrière-train
D’un bond sauta sur sa conquête,
Qui tel le trait de l’arbalète
Se réfugia dans son écrin.
Le chat couina comprenant bien trop tard
Qu’il avait du retard
Et que souris qui nargue a son trou pas très loin
Quand elle lui redit à brûle-pourpoint
« Pour chasser le lapin, imitez la carotte ! »
Ainsi faut-il que l’on se frotte
Avec toute notre acuité
Aux rencontres des autres, à leurs amphigouris ;
Toute doctrine joue avec la vérité
Comme le chat et la souris.

1 commentaire:

  1. Beaucoup de malice dans cette fable. Très jolie fable. Merci
    Jean-Claude

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