samedi 2 novembre 2019

Tarot 18 - Le monde est un pélerinage

Étudions l'arcane 21, l'un des "3 bouts" du jeu, l'atout majeur du Tarot, celui qui se veut être la principale porte (passage, sortie, entrée, naissance, mort, renaissance...)



Le monde est un pèlerinage
           
Le MONDE est la dernière carte des arcanes majeurs du Tarot et porte le numéro 21… Quoique ? La lame sans nombre du Mat peut-être égale à 0 ou bien 22. Le Monde est l’ensemble de tout ce qui existe. Il a trois niveaux : céleste, terrestre et souterrain, ou encore mental, physique et inconscient. Le mental représentant le cercle, c’est sa roue de vie : le TAROT personnel de chacun. Dans le livre de la Sagesse, dont l’auteur serait le roi Salomon, on énumère les 21 attributs de la Sagesse, chiffre de la perfection qui se décompose en 3 x 7 ou en 7 x 3 ; le nombre rappelle aussi le 21 juin et le 21 décembre marquant le début de l’été et de l’hiver, le jour le plus long et le jour le plus court comme équilibre de sagesse. Ce 21 est le symbole de la plus haute élévation à laquelle l’homme puisse aspirer.
Que voit-on ? Une femme nue au centre d’une couronne de lauriers (symbole de victoire) de forme ovale (mandorle). Cette femme a la position inverse du pendu renversé (carte 12 numéro inverse du 21). Mais est-ce un homme ou une femme ? Ou bien un androgyne ? Cette personne nue, c’est l’aspect symbolique d’une Vérité sans voile, représentant la nature humide et fécondante, et le magnétisme des forces de la Création qui se retrouvent aux quatre coins de la lame. L’écharpe qui s’enroule autour de son corps est le nahash (serpent en hébreu), le plus adroit des anges, celui qui conduit. Le serpent n’est pas que tentation. Le personnage tient une baguette qui symbolise ce pouvoir créateur, c’est le geste de l’art sacré ; le geste imite la manière dont l’esprit créateur opère. Le philtre dans l’autre main, lui est créateur de l’illusion, l’homme peut avoir aussi bien l’illusion de l’amour que de la spiritualité et malheur a celui qui sera la proie des illusions. La baguette à la main permet de capter les énergies positives représentées par les 4 figures autour d’elle : le Taureau (la Terre) puissance de la matière, le Lion (le Feu) puissance de la lumière qui fortifie ou brûle, l’Aigle (l’Air) puissance de l’esprit, de la communication, de l’union entre le ciel et la terre, et enfin l’Ange (l’Eau)  puissance de l’amour et du cœur, cet esprit délivré des problèmes matériels. La guirlande de forme ovale rappelle celle d'une amande, et symbolise le mariage, unissant les quatre éléments. Cette couronne formant un cercle, le zéro ou le O de l’Oméga, est une guirlande tournante comme le zodiaque, la roue d’Ezéchiel avec les points cardinaux ; le langage analogique nous en indique clairement le sens à savoir : la conscience qui est devenue, par la reconquête de ses pouvoirs, le centre de l’éternel moment présent, qui lui-même est le germe des manifestations.
Nous vivons dans l’illusion du monde ici et maintenant.
Pour connaître le monde, il faut se connaître soi-même. L’interprétation christique est la plus claire. Jésus dit : « Celui qui connaît le Tout, s’il est privé de lui-même, est privé du Tout. » A la fin du troisième septénaire du tarot l’individu découvre le but de sa quête, le lieu idéal : la Jérusalem céleste ; elle possède une triple enceinte et quatre portes. Le 3+4 rappelle la division du zodiaque en 3 modes (cardinal, fixe et mobile) et 4 éléments (terre, air, eau, feu) qui se combinent en 12 signes. Les 4 éléments symbolisent les évangiles : le Taureau de Luc (terre-vouloir), le Lion de Marc (feu-oser), l’Ange de Mathieu (air-savoir), l’Aigle de Jean (eau-se taire). Il symbolise l’équilibre acquis prenant appui sur les principes cosmiques. Ainsi le texte de l’Apocalypse est scandé par les nombres, le 1 et le 10 en début le nombre 12 n’apparaît exclusivement que sur la fin du livre de l’Apocalypse.
Le Nombre 21 dans le livre de Thoth est celui de l’accession à sa propre divinité. La maîtrise des cinq sens physiques, donne accès aux sens divins de la supra-conscience qui donne pouvoir sur les éléments. La multiplication d’une cellule source pour constituer notre enveloppe organique, mène vers l’éternité qui nous fait prendre conscience que nous ne sommes ni le passé ni le futur, mais l’éternel moment présent, le centre du cercle des manifestations instrumentalisées par notre libre arbitre et la divination. Deviner, c’est exercer la divinité. Devin, en français, contient les quatre lettres du mot Dieu, plus la lettre N, qui correspond, par sa forme, à l’aleph hébreu, qui exprime le grand Arcane, dont le symbole, dans le Tarot, est la figure du Bateleur. Cette divination n’est rien d’autre que la sublimation du sens spirituel de l’intuition sur l’évolution. Ce Nombre 21 qui avec le Zéro fait 22 nombres puissances, est l’Arche d’alliance tel qu’il est conseillé de la construire.
Au niveau cosmique, la guirlande représente le mouvement immanent de l’instinct primordial, le quaternaire cosmogonique du Taureau, de l’Aigle, du Lion et du Verseau. Le Verseau et les trois animaux sacrés représentés dans le Ciel par les étoiles situées aux quatre points cardinaux : Adelbaran, l’œil du taureau, Régulus le cœur du Lion, Altaïr la lumière de l’Aigle et Fomalhaut qui absorbe l’eau que répand le Verseau. Ces astres marquent les extrémités d’une croix, dont le centre est l’étoile polaire, qui par son immobilité au milieu de la giration céleste, correspond à notre personnage du Monde, l’ovale de verdure représentant la zone de l’écliptique. Pour exister le Monde a besoin d’être réfléchi par la conscience. Une remarque… Ce zodiaque, dans les jeux de hasard ou dans l’horoscope, dissimule l’Aigle. On trouve bien le taureau, le lion et le verseau, mais pas l’aigle ? L’explication vient des positions des constellations où Verseau, Aigle, Scorpion et Serpentaire sont interpénétrés. Le Verseau tient le Serpentaire (treizième signe possible du zodiaque) entre ses mains, mais l’aigle se trouve jouxtant le scorpion, et si l’on trouve le scorpion à la place de l’aigle dans les jeux, c’est qu’il représente mieux l’homme qui peut se suicider, car il ne peut comme l’aigle regarder Dieu sans se brûler les yeux. C’est encore une symbolique du Christ : Dieu se fait homme (verseau) puis à la tentation du désert (lion) avant d’affronter le sacrifice (taureau) et aller vers la résurrection (aigle) ; ces représentations imagent le début de chacune des 4 évangiles. L’arcane symbolise ce passage de l’Humain au Divin.
Le personnage central qui danse est androgyne, simultanément homme et femme. Le corps s’est révélé être le Temple de la réalisation, le lieu de l’incarnation de l’esprit glorifié. Unifié, il repose sur un seul pied, la terre n’est rien d’autre qu’un point d’appui : un marchepied. Les jambes croisées dessinent ce que nous voyons chez l’Empereur et le Pendu, une croix surmonté d’un triangle pointé vers le ciel, symbole alchimique du soufre et de la purification. De la main droite il tient une fiole contenant la quintessence, l’essence de l’être. Dans la main gauche la baguette, c’est le feu de la vie, éternellement actif, il anime le corps. Chaque réalisation de cycle ouvre sur un nouveau départ, à l’instant de la mort nous ouvrons la porte d’un monde inconnu, c’est le sens ultime de cette mandorle ovale, l’auréole sacrée afin de souligner la sainteté, la gloire immortelle. Les deux liens rouges à son sommet et à sa base représentent l’Œil de Dieu. La Mandorle est tressée de spiritualité, de pulsion de vie et d’ordre. Par sa forme elle évoque la vulve et par conséquent la matrice de vie, la voie d’accès au Monde. Elle est une porte pour l’union du ciel et de la terre, elle figure une porte sur l’éternité. Voilà pourquoi le Mat se place après le Monde dans le sens des arcanes, il marche, il ouvre une nouvelle boucle, il va vers le Bateleur, il marche vers un nouveau départ portant dans son sac les acquis perdus. Le Mat sera notre compagnon de voyage, il est notre guide dans la nuit de la mort. Le Monde nous invite à réaliser l’âme humaine, substance intermédiaire entre matière et esprit, comme la définit Jung. Plus on descend dans la psyché, plus les matériaux mis à jour perdent leurs caractères individuels pour devenir communs à l’espèce et finir par s’unir en archétypes universels centrés sur un axe collectif, que Jung nomme Âme du Monde. Paradoxalement cet axe collectif traverse chaque âme individuelle. L’Ame du Monde, l’axe du monde, passe par chacun de nous.
Si l’androgyne est seul, c’est qu’il a retrouvé son unité. Le 4 est la conception du logique (4 points cardinaux, 4 éléments, 4 aspect humains (sensation, intuition, esprit et sentiments).
D’avoir pu saisir les outils posés sur la table et dont il n’avait pas encore l’usage le Bateleur est relié au monde des sensations, donc de la chair et de la matière avec la main posée sur son nombril et du désir en levant sa baguette comme une antenne captant l’énergie vitale du Père, Sur son établi (à 3 pieds) se trouvent les 2 éléments lui permettant de passer du symbolique au symbolisé : le poignard permettant de fendre la matrice pour accéder à la parole et de pouvoir dire « Je » dans l’expérience de l’altérité. Les coupes jaune et rouge sont le signe de l’Amour différencié du désir et de l’affect (Éros et Agapé). Se dresse face à lui le redoutable labyrinthe à parcourir entre le 1 et le 21, entre le cerveau gauche et le cerveau droit. Le Bateleur sait inconsciemment que le Centre est le nombril. La réunion corps-âme-esprit se fait au Cœur et se déverse ensuite dans toute la chair. « Je suis qui je serai ». Là est le mystère du Christ. Aux 4 outils éléments du début du Bateleur, s’ajouteront les 3 autres au cours du périple : l’équerre, la règle et le compas (représentés entre autre dans l’arcane 7 du tarot intitulé la Victoire), afin de mesurer le plus finement possible la conjonction cycles et temps. Voir le temps qui se plie pour pénétrer l’espace. Ainsi le Beau c’est le Bien qui se fait aimer ; le Bien c’est le Beau qui vivifie et qui guérit. « La joie est plus profonde que la souffrance,» dit Nietzche et le roi Salomon parle de sagesse joyeuse. La Joie qui découle de la Vérité et la croyance qui résulte de la joie, telles sont les clefs de compréhension de l’arcane.

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