Le
cerf, l’ours et la girafe
Un
cerf venait de perdre sa ramure ;
Éternel
recommencement de la nature.
Malchance
à l’arrivée de ses amis d’enfance
Auxquels
il offrait le gîte et l’ambiance.
Sa
fierté naturelle
Si
pareille à celle d’un arbre
(Dont
Diane en s’en parant était si belle)
Toujours
doux et tranquille, le laissait de marbre.
Ils
ne s’étaient revus
Depuis
la nuit des temps
Et
peu importait l’imprévu
Heureux
de les revoir au retour du printemps.
La
girafe ombrageuse arriva la première
Entre
en propos, et lui dit sans manière
Le
regardant de haut :
« Je
vous avais connu plus beau !
Moi,
ma beauté n’est jamais contestée.»
Sa
morgue et sa superbe
L’aspect
imposant de sa majesté
Mit
le cerf mal à l’aise et lui coupa le verbe.
Cahin-caha
arriva l’ours
Sûr
de sa supériorité
Il
fallait qu’on admire et flatte sa frimousse
Soucieux
de sa réputation en société.
« Il
ne tiendra qu’à vous l’ami
D‘être
à nos petits soins
En
offrant beau logis
En
n’étant point mesquin. »
Le
cerf avait du cœur
Et
ne vit point les profiteurs
Il
aimait à donner
Et
savait pardonner.
La
belle au long cou chercha les difficultés
Pour
mieux les contester
Elle
était si ivre d’orgueil
Que
tout devint permis
Et
sans sortir son portefeuille
Elle
ne fit point d’économie.
L’ours
déguisé sous le signe de la bonté
Au
détriment d’autrui
Invitait
sans compter, discutant tous les mets
Par amour-propre et intérêt instruit.
Il
savait ordonner
Exiger,
réclamer, au gain s’abandonner
Un
suzerain en sorte. Que dis-je ? Un roi !
Notre
bon cerf est dans le désarroi
Il
est chez lui, mais doit payer la dîme
Quand
les vaniteux demandent encore l’estime.
Il
comptait partager
Un
printemps de bonheur
Mais
il est naufragé
Et
c’est de leur départ qu’il voudrait savoir l’heure.
Puis le charme rompu
Le plantigrade et l’ongulée
Quand ils furent repus
D’intérêts jugulés
De profits sans merci
S’en allèrent sans un
merci.
Notre cerf ne voulut pas
voir
Ce qu’il avait appris, ni
même s’effrayer.
Quand l’orgueil ne veut
pas devoir
L’amour propre ne veut pas
plus payer
Une fable à savourer avec une délectable morale dedans… Un délice !
RépondreSupprimerChristian