Le ver luisant et le ver à soie
Dans une nuit d’été scintillait un
lampyre
Il aurait tout donné pour avoir un
empire
Echanger sa lumière
Ne plus voir ses œillères
Pour de la vérité
En trouver l’acuité.
Vint à traverser des hautes herbes aux
mûriers
Un ver à soie peu enclin du sort des
bestioles
Mais attiré par la luciole.
Imaginez donc ces deux vers
L’un lumineux mais peu habile
L’autre soyeux, vétilleux et bien peu
ouvert.
« - Mon ami, dit le sot, quelque
peu volubile
Le hasard
Me met sur la voie de votre art
Je ne sais de ver nécessaire
A fortifier notre univers
Mais peut-être êtes-vous cet être
exceptionnel
Qui me dira enfin le savoir
éternel. »
« - Etonnant ! Car c’est
vous qui portez la lumière,
Mais je veux bien répondre au mangeur
d’escargot ;
Demain, ici ou hier
Il n’est pas question de
ragot ! »
Posé sur la bruyère
L’ignorant resta sans asile
Suivant les dires du compère
fil-à-fil.
« - Avant tout fileuse, je suis
obnubilée
A dérouler le doux fil de ma destinée
Dont le sort me désigne
Un mûrier qui soit digne
Afin de dérouler le fil de ma
bobine. »
« - Dans quel but ? »
Demanda la luciole chafouine
« - Vraiment vous êtes un
vagabond
Mais au profit mon bon !
Lorsqu’on coupe le fil de ce tissu
précieux
De ces millénaires de Chine les
envieux
Ont lutté du savoir
Et se combattent pour l’avoir. »
« - Non pour que le cocon
devienne papillon ? »
S’insurgea le lumineux aiguillon.
« - L’inévitable sort
Coupe le fil quand bon lui semble
Car il n’est point de mon ressort
De changer, d’arrêter le destin de l’ensemble. »
Le ver luisant comprit
Que son bonheur ne viendrait pas
De ce qui est bien trop
construit ;
Poussé par sa lumière, il poursuivit
ses pas.
Foi de ver, n’allons pas ou le chemin
nous mène
Allons où il n’y a pas de chemin qui
freine.
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