Le vieil ours et l'abeille

Ce fabliau dont l'idée m'a été indirectement suggérée par un ami préoccupé par le vieillissement...
Merci au " Dix Vins Blog " pour la publication qu'il en a faite et leur belle illustration que je publie ci-dessous. 

Le vieil ours et l’abeille

Entre l’enfant et le vieillard

Le grand âge est un désavantage

Pour différencier le sage du babillard

Un ours et une abeille nous offrent ce témoignage.

Une jeunette butineuse

Passa tout l’été à travailler son nectar

Quand un vieux Panda s’offrait des siestes heureuses

Au fond de son plumard.

En sortant de ses rêveries artificielles

L’ours en lorgna la ruche au miel.

Messire le pataud oisif

De par ses longues griffes

Désira du suc s'en tartiner les babines

Mais ses grosses pattes en stoppèrent la combine.

Les antennes en alerte

Dame Apis revint dare-dare

Face à la découverte

Menace de son dard

Notre ours à la griffe mielleuse

Pris la main dans le sac

Qui loin de la mettre en veilleuse

Renâcle comme un démoniaque ;

De sorte que notre bourdonnante butine

Par l’entremise de l’épine

Le museau du glouton.

« - Mais je ne voulais que siroter ton essaim ! »

Dit notre fanfaron

« - C’est donc bien à dessein

Que vous pilliez mon doux nectar !

Assassin ! »

« - Je me barbais, j’avais la dent »

S’offusqua le mal léché, le museau bouffi.

« - Il n’y a pas de fardeau plus pesant

Que du temps dont on ne sait que faire à l’envie !

Il ne fait donc pas bon devenir vieux

Car prendre racine, c’est cultiver l’ennui !

A en être un voleur envieux ! »

Rétorqua notre abeille

Reprenant l’élaboration du doux produit

Qui régale à merveille.

Ainsi passe la vie : endurer pour savoir,

Travailler pour avoir.