jeudi 22 mars 2018

La Tomate et la Patate

Cette petite fable avec un trait d'humour véridique d'éclairage historique...




La tomate et la patate

Mais qui détient la vérité
Sur ces grands jours de liberté
Quand voici ce qui fut ici
Relaté sur la mort du roi de ce pays ?
Un paysan marseillais aux beaux yeux vairons
A la fête de la fédération
Quelque peu fanfaron
Expliqua le pourquoi de la révolution
Dévolue à une tomate*
Prenant le pas sur la patate.
Voici son conte : « - A Versailles le roi Louis seize
Nous a planté sa radicule
Devant sauver de la fournaise
Royaume et particules
Voyez le ridicule !
C’était une pomme de terre
Qu’il nomma Parmentière.**
Une racine pour éviter la disette !
Pourquoi pas la nommer
Patate ! Ou bien Louisette ?
Selon le royal arrêté
 Ça pousse en profondeur, mais en terre anoblie
Ça craint la sécheresse
Et de la lumière il faut la mettre à l’abri
Car je vous le confesse
Elle reste dure à cuire
Pire, ne peut se manger crue !
Notre triste sire gugusse
Use de toutes les astuces
Quand jour et nuit la fait garder
C’est sûr, ça va barder !»
Les sans-culottes stupéfaits
Par la patate – dont ils ne faisaient trop cas –
Le raillèrent sur ce lien sans effet
Avec leur cocardier combat
 « – Combien de révoltes encore
Combien de bastilles et de casemates
A prendre, pour que nos récoltes d’or
Se vouent à la tomate ? »
« - Eh ! Patate ! C’est quoi cette amertume ? »
Mais des tomates il en avait de pleins paniers
Que lui mena un tavernier
Ami. Il reprit : « - A la fois fruit et légume
Toujours rouge, elle a tige et racine
Son jus est comme sang
Crue, ou cuite sa chair est une médecine
Pour Rouget son essor est florissant
Il en a fait une chanson
Grosses, charnues, joufflues
Émotion forte à l’unisson
Elles sont le cœur, le sang, elles sont le salut. »
Mais point de différence chez les séditieux
Affirmant qu’il en était pareil de ses yeux !
Puis en goûtant patate et tomate à la suite
Crues et cuites
Les Parisiens, les Marseillais en nouveaux maîtres
Virent la différence et voulurent démettre
Capet. Fi ! Le rouge l’emportait à tout prendre.
Chez tout révolté le sage suit le cruel
Il ne suffit point d’être cuit au cœur tendre
La tomate pouvait aussi, être crue, elle !






Notes
*Les Provençaux montés dans la capitale pour la fête de la Fédération Nationale du 14 juillet 1790, exigent partout des tomates qu’ils sont encore les seuls à consommer
**Parmentier organise le repas royal de Louis XVI à la veille de la révolution pour faire connaître la pomme de terre

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