mardi 17 juillet 2018

Cantilène du délaissé

A la dérive d'un blog sans message, des rimes solitaires...



Cantilène du délaissé

J’ai besoin de parler pour ne rien vouloir dire
A toi, à elle, à lui, à vouloir m’étourdir
Tel un phare engourdi au fanal de l’amour
D'un cri au fond du cœur.

Je ressens le vertige aux envies éphémères
L’approche de la fin, ces relents de poussière
Me caressant l’échine en tressautements gourds
D’étreinte du malheur.

Je susurre des mots à tant d’absents aimés
Dans cette thébaïde aux désirs essaimés
Du bout de lèvres pâles, aigries de sanglots sourds
Au silence affameur.

Vous qui me connaissez pourquoi donc ce silence
N’ai-je donc mérité que votre somnolence
A rester seul au monde ? Qu’importe les débours
Des affections qui meurent !

J’aurais par mes écrits exhorté les démons
Survivre à ce néant à emplir les poumons
Mais qu’il est vain d’attendre au pinacle des jours
Un instant de bonheur

Parfois un geste, un signe en valeur de promesse
Me faisait croire encore aux vertus de l’ivresse
D’un transmissible amour aux chemins d’Amadour
A tous reprendre en chœur.

Si je vous livre un cœur, gros, de beauté fragile
Fleur humaine éprouvée, colosse au pied d’argile
C’est l’ingénu têtu attendant vos secours
Qui veut parer ses heures.

Mais que nenni les cris, dans la mortelle étreinte
Du temps, loin des amis ; s’étalonne la crainte
Qui naissant dès la vie, vous laisse sans retour
Affronter la douleur.

A quoi bon ma prière et mes lourdes pensées
Attendre votre appel, est, sinon insensé
Pour le moins vaniteux, pour un être d’un jour
De l’humble bateleur.

Dans ma toge d’ermite à ressasser l’amer
En mes vaines illusions étouffant mes chimères
Je vais sevrer ma faim de ce besoin d’amour
En méditant son leurre.

A quoi bon s’insurger d’un manque d’étincelle
De proches dédaigneux, à tendre l’escarcelle
Pour des miettes d’ardeur à tromper le concours
D’un espoir sans saveur !

Admettre qu’on est seul, voilà la destinée
Du scribe téméraire aimant à badiner
Sa mortelle existence à fuir le désamour
Pour une autre splendeur.

Dans ce mutisme froid, à vos lèvres pendu
J’ai usé ma confiance et mes joies éperdues
De la fatale absence à en perdre bravoure
Je n’attends plus de fleurs.

Dans le noir de la nuit,  je ne peux vous étreindre
Tout est mort aujourd’hui, et la vie va s’éteindre
J’ai encore espéré, un ultime recours
A sauver mon honneur.

J’ai besoin de parler pour ne rien vouloir dire
A toi, à elle, à lui, à vouloir m’étourdir
Tel un phare engourdi au fanal de l’amour
D'un cri au fond du cœur.


2 commentaires:

  1. Bravo pour ce très beau texte. La méditation lorsque l'on reste seul permet de mieux voir le vrai visage des autres.

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  2. Avec ces rimes si bien écrites cette complainte me laisse un peu perplexe. Il est vrai qu'à certains moments de notre existence on se sent délaissé, mais l'isolement nous aide à réagir.

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