Suivons le chemin
des petits cailloux
Les pierres de l’arcane 13
Confucius a
dit : « Qui veut déplacer une
montagne, commence par déplacer de petites pierres ». Et bien ces petits cailloux existent aussi
dans le Tarot pour ouvrir le chemin du déplacement de la montagne. Il convient ici
d’élever son esprit au dessus des choses terrestres. Pour cela nous l’avons vu
dans le livre secret, en parcourant le sentier du Bateleur (N°1) au Pendu
(N°12), dont sa Force (N°11) est de par sa place la clé de voute du jeu. Le
bateleur a accompli le septénaire du corps, et quasiment terminé celui de
l’âme, en arrivant sur la carte de l’arcane sans nom pour tendre vers l’esprit avec
tempérance. Le seuil de nos espérances menace d’abréger nos jours et c’est au
N°13 que l’on découvre pour la première fois la symbolique des deux pierres,
ici représenté par deux os blancs. La dissolution des organes arrive plus vite
que prévu, mais la mort n’est qu’un enfantement perpétuel de l’Univers et participe
à la création de l’homme céleste où commence notre immortalité. Symboliquement
nous l’avons vu (post n°3 du 17 mars 2015) le squelette est nu, débarrassé de
toute enveloppe superficielle. La faux est l’instrument agricole, qui indique
le rythme des saisons, la colonne vertébrale du squelette est représentée par
un épi de blé. Le feu vital descend sur terre au printemps et réveille toute
vie endormie, fait ressortir les morts de leurs tombeaux. A l’automne le feu
vital retourne au ciel en détruisant violemment les formes créées : c’est la
mort de la nature. La mémoire spirituelle conserve les
différents états de conscience jusqu’à la supra-conscience dans un éternel
moment présent. Cette faculté, est toute à l’inverse de notre petite mémoire
volatile et périssable des sens organiques. Les pieds et les mains coupés
symbolisent les moyens d’action dans le monde tangible, ils nous tiennent à la
terre. Au-delà, il n’est plus nécessaire de se déplacer et d’agir. Les doigts
ou orteils sont au nombre de 5 ou 4. Ce 54 est la valeur numérique de l’homme. C’est
encore un clin d’œil du tarot pour rappeler que la certitude de la mort est
réservée à l’homme. 5+4 font aussi 9 c'est-à-dire le nombre de l’Hermite. Le N°13
est donc bien le gardien de la porte archétype du temps permettant le passage à
un monde spirituel. Mourir c’est passer au temps neuf, ainsi qu’au temps 0 du
Mat et nous avons la preuve par neuf que 9=0. Après la mort, seul l’esprit
perdure, le pied droit du squelette s’appuie sur une tête de femme, rappelant
que c’est la chair qui se doit de mourir, mais il la relie par la flamme rouge
de sa faux à la tête couronnée symbolisant le sens et l’éveil à la conscience.
Le mouvement de l’instrument va ainsi symboliquement de la matière à l’esprit. C’est
là que l’on doit prendre en compte les 2 os blancs que l’on ne perçoit pas
immédiatement et qui évoquent la structure principielle qui elle ne meurt
jamais. L’os ou sa poussière franchit le seuil de la mort, il est le noyau
d’immortalité. Nous venons du « sans nom » et faisons l’expérience du
temps qui s’écoule. On parcoure une boucle de vie, (car rappelons le c’est la
naissance qui est le pendant de la mort et non la vie ; la vie est ce qui
est entre mort et naissance ou inversement) une déchirure d’éternité. L’esprit
incarné retourne vers un ailleurs indicible, un champ universel, où toutes les
consciences ont déjà vécues.
Les pierres de l’arcane 16
Attention en déplaçant
les pierres pour construire sa montagne il convient de ne pas marcher à notre
perte. Il ne faut pas commettre d’imprudence, c’est une œuvre de longue
haleine, où toutes les fautes et ambitions sont foudroyées, entrainant forces
perdues ou ruines. Chaque étape est douloureuse... La vie
est une souffrance précisément parce qu'elle est une ascension. Souffrir est
pour l'esprit la forme la plus visible du travail et… monter c’est surmonter. Ce
sont les âmes qui ont commis le péché originel, et la chair n’y est pour
rien ! Les 2 pierres, sont donc synonymes de connaissance, voilà pourquoi on les
rencontre dans ces trois arcanes. Sur le sol, les
cailloux symbolisent la pierre de la connaissance et de la sagesse, et la
pierre de la folie. Folie et sagesse sont les deux versants d'une même montagne.
Les 2 pierres blanches rappellent ainsi la symbolique des 2 os de l’arcane
N°13, ils sont ovules et spermatozoïdes qui fondent l’humain. L’arcane N°16 de
la Maison Dieu est la porte complémentaire du N°6 de l’amoureux (Voir post N°2
du 22 février 2015) Les deux pierres blanches sur le sol,
mises en évidence par leur couleur qui tranche sur le jaune, figurent la
Matière qui servira à la prochaine construction. Elles constituent un
signe d'espoir : Ces deux pierres
de lumière ou pierres divines deux pierres du ciel qui sont aussi
les météorites qui serviront de base à la construction d'un autre édifice plus réaliste, mais aussi plus spirituel, axé sur les
bonnes valeurs. Liées à la foudre, ces pierres doivent permettre
la construction d’un temple intérieur dont les matériaux auront été purifiés. Symboliquement
la Tour est représentative de la psyché, de l’égo, c’est donc le Temple dans
l’homme, abritant l’Esprit. La Maison-Dieu, représente l’éveil, l’éblouissement de la
compréhension. Après être sorti de l’Enfer et du Diable N°15 le bateleur trouve
l’épreuve de la Maison-Dieu celle du dépassement et de l’éveil (Bouddha
signifie « éveillé »). Il devient réceptif aux énergies et volontés
supérieures. Cet élargissement de la conscience lui procure la foi, la force
ainsi qu'un sentiment de joie profonde. Nos certitudes s'écroulent pour débuter
un nouveau cycle d'évolution. La tour rappelle aussi
la fameuse tour de Babel qui se voit décapitée par la foudre qui vient du
Soleil (la lumière, la
Connaissance). L’homme subit les
conséquences de l’Incarnation, la douleur, le travail et la mort. Le
Verbe préexistait à la création mais pour se réfléchir il faut poursuivre
jusqu’à la parole incarnée, jusqu’à l’être humain. L’arcane N°16 nous le
montre, la flamme qui vient du Ciel figure l’esprit qui s’incarne. C’est le
Verbe qui se fait chair.
Les pierres de l’arcane 19
Elles tendent
vers le bonheur paisible. Nul ne le ravira si on l’enferme dans le secret de
son cœur. Nous voyons Le Soleil à son zénith au-dessus de deux enfants, l’un mâle et
l’autre femelle qui se réunissent par les bras, symbolisant le mariage
alchimique des contraires, la réunion d’Adam et Ève, de l’époux et l’épouse du
cantique des cantiques de Salomon, ce retour à l’androgyne qui est l’état
homogène de la Conscience. Le Nombre Dix-Neuf, est celui de la sagesse, de l’intelligence
en action par la maîtrise des puissances et des vertus. Les deux pierres de
couleur or sur le sol, os blancs de l’arcane sans nom, pierres découvertes
blanches à la Maison-Dieu, évoquent le travail de construction du au labeur
alchimique de l’or solaire. Elles sont de chaque côté des
personnages, pierre d'or qui donne à chacun des jumeaux la connaissance et le
pouvoir de la lumière. Après que l’intelligence humaine se soit libérée de
l’envoutement terrestre qui la sépare de la sagesse spontanée, elle peut
accéder à l’intuition. Le Soleil symbolise cette union. C’est la sagesse
chantée par Salomon. C’est la clé du
mystère entre le verbe et la compréhension, c’est l’explication de toutes les
formes de Trinités (Père, fils et Saint esprit ou Mère, fille et Sainte-âme), la
clé du véritable sceau de Salomon ou Hexagramme (Sainte trinité lumineuse).
Reste encore le
mur. Plutôt un muret qui représente l’interdit, il est peut élevé, et on peut plus
facilement le sauter pour la transgression des limites données plutôt que
déplacer la montagne. Il est rouge évoquant le désir, la pulsion de la vie,
l’éros qui tente toujours de déborder les limites. Voilà pourquoi les deux
pierres expriment la dualité dans tout être, le dualisme de ses tendances
spirituelles ou matérielles et leur opposition interne, jalonnent ses cartes essentielles
du chemin du Tarot. Les jumeaux sont à la croisée des chemins. Le carrefour est
le centre du Monde, il est la rencontre avec le destin. Les pierres rappellent la naissance ou la renaissance, celles reprisent à
la Maison Dieu permettant de se libérer en se vivifiant pour construire son
temple de l’esprit. Après la maîtrise de la matière et des os, la destruction
de l’égo et sa dualité, le soleil réunit animus et anima. Toutes les
symboliques spirituelles ou religieuses, toutes les fêtes aux solstices
solaires, toute croissance et décroissance et vice versa, sont évoquées sur les
sentiers de méditation du livre secret du Tarot.
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