En prolongement du post précédent sur le Pendu (12) qui se trouvait pendule entre deux arbres potences, portons attenttion aux Gardiens du Tarot assis entre les deux colonnes
Les gardiens assis
entre deux colonnes
(2-3-5-8)
Quatre arcanes du Tarot demandent
à passer des portes entre deux colonnes aux couleurs différentes. Tout passage comme la naissance ou l’initiation nécessite
de passer des portes, la première touche tous les individus tandis que la
seconde les sélectionne. Dans les deux cas le Tarot apporte une perception
apaisante de la condition mortelle de l’être. Voyons quel sens donner à ces
quatre passages.
Les colonnes
de l’arcane 2 (La Papesse)
Elles sont blanches et recouvertes d’un voile de
couleur chair. Comme l’enfant qui vient de naître et qui ne connaît que la
chair, c’est l’attente de l’apprentissage de l’esprit ou bien d’un candidat à
l’initiation. Celui qui frappe pourra étudier, méditer, s’élever progressivement
vers les sommets de la connaissance et se détacher des basses contingences
humaines. C’est la voie pour une éducation structurante. La science dévoilera
ses secrets, mais en revanche il faudra conserver le silence. C’est la question de l’être et de son devenir. Entre
les deux colonnes se tient la gardienne du temple, dont il faut lever le voile,
car la lumière a besoin des ténèbres. Ces
deux colonnes derrière le trône de la Papesse représentent aussi le Yin et le
Yang ; elles sont également les colonnes symboliques du temple
cabalistique de Salomon. Elles sont le principe de dualisation de l’essence
divine en deux bases essentielles du destin et de la liberté, faisant appel à
l’obligation et à la providence. En effet la Papesse à demi voilée, tient dans sa
main un livre ouvert, qui contient le sens signifiant et le sens cachant. Elle
est détentrice pour le bien de la chair de la révélation. Le Nombre Deux était
dans l’ancienne Égypte le hiéroglyphe représentant un compas sous la forme des
pattes de l’Ibis avec ses deux pointes figurant un lien pour deux polarités
différentes. Ces colonnes marquent la première porte qui symbolise la
naissance, et la circulation possible entre le divin et l’homme, ainsi que le
lien entre le masculin, avec rigueur et volonté, et le féminin, avec
réceptivité et tendresse. La papesse attend que nous lisions ce Livre qui
contient toute la mémoire du corps, dont on apprendra à lire notre ADN. L’égo
apparaît, mais faut-il lâcher la proie pour l’ombre ?
Les colonnes de l’arcane 3 (L’Impératrice)
Elles sont entièrement voilées par la couleur chair et
représentent le secret du cœur. C’est l’image de la femme assise au centre du
soleil rayonnant. Elle est la représentation de l’intelligence créatrice. L'impératrice
nous invite à constater qu'en nous, résident les ferments de la connaissance. Le
ternaire est le but et l’expression suprême de l’amour : on ne se cherche
à deux que pour devenir trois. Si Dieu n’était qu’un, il n’y aurait point de
création, ni paternité. S’il était deux, il n’y aurait qu’antagonisme et
division, et tout n’aboutirait qu’au partage ou à la mort ; la résultante
c’est qu’il est trois pour créer de lui-même une multitude infinie des êtres et
des nombres par l’esprit qui vient
féconder la matière. La Papesse était l’arcane de l’obscur, de l’inconscient,
l’impératrice sera celui de la lumière de la conscience. Pour mourir,
il faut passer trois fois, d’où le verbe trépasser. Le fou détenait dans son baluchon les outils,
portant à la naissance du bateleur, accompagné de ses deux mères, celle de la
chair du corps et celle de l’esprit. Ces colonnes sont la représentation de la
gorge dont le canal, le conduit, désigne l’axe de la parole. L’ombre qui était tapie
dans la chair, en désirant la vie, se trouve confronter entre le bien et le
mal. La chair contient l’ensemble, elle sera soit le creuset de notre envol ou le
cachot de notre enfer
Les colonnes de l’arcane 5 (Le Pape)
Elles sont bleues désigne sans équivoque l’esprit et le
signe de la spiritualité. Pour
poursuivre sa route sans défaillance, il faut du souffle pour passer cette
troisième porte. La prise de conscience qui souffle en l’homme, lui donne une
âme, une intelligence, la perception d’une divine approche. C’est le lien entre le ciel et la terre. Ici les arts et les sciences
sacralisent les outils du bateleur. Le cinq
se manifeste soit par l’addition de 2 + 3, La porte de la conscience (l’impératrice)
réunie à la forme de la matière (la papesse), ou encore par l’opération 4 + 1
la forme cristallisée (l’Empereur) exprimant la vérité du germe de son centre
le Un, duquel émane son énergie. C’est un lien à faire avec le nombre d’or de Léonard de
Vinci et sa « proportion divine ». Le pentagramme exprime aussi la domination de
l’esprit sur les quatre éléments. Ici les
deux colonnes symboliques ouvrent la porte à l’ascension. Dans l’union de la
connaissance de l’âme alliée à la forme manifestée, les cinq sens physiques vont
permettre à l’être de différencier la conscience de l’universel avec celle dont
il vient d’émerger : l’inconscient collectif. Ces cinq sens devenus
spirituels sont ceux qui lui permettront d’ouvrir la porte de la supra
conscience. Une représentation peut s’envisager entre le rôle de la
prière et de la bénédiction qui présente un double mouvement ascendant et
descendant, semblable à la circulation du sang. C’est toute la symbolique de
l’image du Pape (voir la main du pape qui bénit). Les colonnes représentent miséricorde
et rigueur, comme les colonnes du temple de Salomon. La rigueur simule la
prière que la miséricorde bénie. Le pape, le pontife (pont) fait le pont entre
le ciel et la terre. Son message signifie qu’il faut prendre conscience que le
corps est un temple, qui contient un lieu Saint, c’est le lieu du Soi, celui du
Dieu intérieur. Sa main montre le 2 qui dissimule le 3, c’est là tout le
mystère de la Trinité. Le pont est un passage, symbolisant l’arc-en-ciel du
pont céleste.
Les colonnes de l’arcane 8 (La Justice)
Elles sont de couleur
jaune. On parle ici des deux piliers de la Justice, qui sont l’indulgence et la
raison. Il faut savoir se regarder en face, c’est le miroir sur soi-même, car l’âme
relie le corps à l’esprit. Il convient de se juger soi-même. Se mentir à
soi-même c’est ne plus se regarder en face. Pour être juste, cela requiert une
subtilité et une maîtrise sans faille. Les choses ne sont pas justes parce
qu’elles sont bonnes, mais bonnes parce qu’elles sont justes. La balance d’or
rappelle l’équilibre à acquérir entre masculin et féminin. Le fléau fait le
lien entre les 2 plateaux, comme l’âme fait le lien entre le corps et l’esprit.
L’épée jaune est à double
tranchant, celle qui sort de la bouche du Verbe dans l’Apocalypse, elle tranche
entre le bien et le mal. Elle est surtout l’épée de la lumière, une
représentation du Logos, le Verbe qui éclaire. A nouveau derrière ce personnage
on trouve les colonnes du Temple, devenues jaunes qui matérialisent le passage
à la conscience, que l’on fait après le face à face avec sa Justice intérieure ; elles représentent
clémence et rigueur.
Cette porte s’ouvre sur le monde de l’âme, qui relie le corps à l’esprit. C’est
le passage vers le guide philosophique, l’Hermite (9), l’arcane suivant, celui
de la Sagesse et de la Prudence. Toute action produit une réaction, c’est la loi
universelle du monde. Le 8 va vers une expansion, celle de l’infini du Verbe
créateur. Ce chiffre 8 rappelle aussi la double hélice de notre ADN, langage
universel du principe commun à toute création. La Justice nous amène à la chambre
des secrets.
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