mardi 8 novembre 2016

Détours

J'aime la liberté que donne certaines formes de poèmes, je me suis longuement interrogé autour de cette aquarelle...


Détours

De Babel l’odieuse
À sa Maison-dieu
L’homme érige sa tour
D’une pierre sans fêlure
Mais non pas sans labour.
Il la caresse, il la triture
La polie, la maîtrise
La modèle à son tour
Sauf qu’elle résiste à son emprise.
À cet échec aux proies
Qui se dérobe au robre
De l’opprobre
Sa tête s’enflamme
Et de mat de peau
Il en devient blême
De ce manque de pot
Il se veut emblème
Puis des Dieux, l’appeau,
Le croit-il sans croître
Pour le sang d’un cloître.
Telle une marionnette
Qui fait trois tours
Et puis s’en va
Chercher des clopinettes
Pour édifier sa tour,
Il va faire un détour
Chez les vautours,
A-dieu-va
Sans en voir venir les gravats.
Il affronte les méandres
De lises et de cendres
Des flux de rivières
Se voulant sans retour
Se vouant aux bijoux d'un jour
Qui émoussent la pierre
En galet de labeur
Et qui gardent rancœur
Au plus profond du cœur
D’un morne désamour
Et de rappels odieux
Hors conquête des cieux.
Au secret magique
S’oppose tragique
L’égo de l’orgueil roi
Cruels débours
Détenant de surcroît
Au plus haut de la tour
Princesse emprisonnée
Dont crépitent les flammes
De l’âme-sœur de l’âme
Qui n’a rien vu venir !
Lorgnant vers l’avenir
A ce point de non-retour
Il est abâtardi
Par la tour croulante
De maladie
Et ne voit la démente
Tour rasée par la camarde.
La vue offerte à son auteur
Qui s’attarde
N’est plus à la hauteur
De ses défenses
Ni aux alentours
De ses espérances.
Chancelantes et flageolantes
Les sept femmes du jour
Somnolentes et lentes
Qui tournent encore autour
Des débris de la tour
Ne sont plus des vertus
Et n’ont que les atours
D’une tour abattue,
Un World Trade Center
Livré aux oublis des senteurs
D’oubliettes de vie
Quand la mort s’oublie.
Alors sertissant la pierre
Peaufinée sans fêlure
Au sein de son temple intérieur
Ceint de prudente armure
Par puissance phallique
D’un phare dans la tempête
Dressé sans logique
Vrombissant de foi
Il passe cette fois
Du quant à soi
Au don de soi
Sans tambours
Ni trompettes de Jéricho
Et ne se veut plus que l’écho
De l’amour.

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