lundi 3 décembre 2018

Tarot 7 - Sa conduite demande maîtrise

Avant d'évoquer l'ego fondateur et la prise de conscience que représentent les arcanes 4 de l'Empereur et 3 de l'Impératrice, étudions ce Chariot qui marque la fin du premier septénaire du Jeu.




Sa conduite demande maîtrise
           
C’est le premier arcane qui désigne un objet : un chariot. De plus avec son numéro 7 cette carte achève un septénaire, et représente un accomplissement. Le jeune homme fier qui guide le chariot réfléchit entre culpabilité et responsabilité. Le chariot est cubique de couleur chair ; il est surmonté d'une barre d'or séparant la lame en deux espaces égaux mais différents,  signifiant que l’Esprit domine la matière. L’image indique cette séparation duale ; elle se manifeste par deux têtes sur les épaules du cavalier représentant lune et soleil, deux lettres inscrites sur le blason S et M, deux chevaux de deux couleurs différentes, deux roues derrière le char, etc. L’homme est un dominant, il porte la couronne royale avec lys et trèfles. Il est jeune. Il a une cuirasse qui représente une protection nécessaire. C’est l’armure du sage touché par la grâce. Le sens de victoire lui est attaché. Toute une symbolique est soulignée. La chair désigne la conscience de l’homme. La septième séphira de l’arbre de vie se nomme Netzach et signifie Victoire et le 7 = 6+1, ce qui évoque l’achèvement de l’Univers. Les couleurs dominantes rouge et bleue en opposition duale rappellent l’essentiel ; le rouge : les pulsions, le sang, l’énergie, le feu, et le bleu : l’eau, la spiritualité, la régénération, les œuvres divines. Armé des connaissances acquises durant le premier septénaire du tarot, le personnage est maintenant sûr de son choix. Il poursuit son chemin tiré par deux chevaux, l'un bleu et l'autre rouge, comme le yin et yang, le conscient et l’inconscient. Il est l’heure d’affronter les sept péchés capitaux inscrits en sa chair, afin de les retourner en sept piliers de la sagesse autrement dit les vertus (quatre cardinales et trois théologales). Les vertus sont la colonne vertébrale soutenant l’être dans sa verticalisation. Il entre dans la lecture de son ADN, prenant conscience que le désir matériel peut s’effacer au profit de l’énergie spirituelle. L’expérience de la foi remplace la fragilité de l’égo. L’esprit doit apprendre à régner sur la matière vivante en la guérissant de ses plaies narcissiques, pour ouvrir sur l’espérance de cette prise de conscience.
On est toujours comptable de ce que l’on devient. 


Ce char guidé à travers la dualité, se dirige vers la lumière. Comme au septième jour, nous sommes ici à la fin d’un cycle ; pour l’évangéliste Jean nous sommes à l’aube d’un nouveau départ vers la Jérusalem céleste. Le vainqueur de l’arcane du Chariot est le triomphateur des épreuves, c'est-à-dire des tentations. Il n’a pas d’arme, car sa maîtrise fut acquise dans la solitude et il la doit aux seules épreuves. Il est aussi le symbole de l’initié triomphant qui connaît les secrets du cercle magique et les énigmes de la pierre cubique (comme par exemple celle de la Kaaba de la Mecque) ; il est le maître du grand-œuvre. Notre bateleur de la lame 1 est parvenu à maturité dans la maîtrise de lui-même. On constate cela par ses cheveux dorés (signe divin) ainsi que par son sceptre symbole de pouvoir ; il a un certain degré de maîtrise. Pour la symbolique franc-maçonne son bras gauche de couleur or (divin) rappelle l’équerre (rigueur, équité) ; son bras droit rouge (énergie) forme avec le sceptre un compas dirigé vers le haut (vers la vérité d’origine divine). Cette carte termine le premier septénaire (la lecture des 21 arcanes du tarot par 3 fois 7 fera l’objet d’un autre article). Ce chiffre premier 7 est le nombre de la perfection. La perfection de la musique avec les 7 notes de la gamme. Il est dit que Dieu conclut au septième jour l’ouvrage de création et sanctifia ce jour. Vous le savez inconsciemment le 7 est partout. Par jeu donnons quelques exemples : 7 planètes, 7 jours de la semaine, 7 jeunes hommes et 7 jeunes filles offerts au Minotaure, 7 arts libéraux chez Augustin, 7 couleurs de l’arc-en-ciel, 7 péchés capitaux et 7 vertus (prudence, tempérance, force, justice – foi, espérance, charité), 7 sens du Coran,  7 chakras. 7 sacrements de l’église ; ou bien encore Blanche-neige et les 7 nains et pourquoi pas les 7 boules de cristal d’Hergé ? Ou encore les 7 merveilles du monde, 7 ans de malheur qui condamnent celui qui a brisé un miroir. Il faut tourner 7 fois sa langue dans la bouche par prudence, si l’on veut éviter de dire des bêtises et j’en passe… Le 7 est aussi dans les textes de toutes les religions : Noé prendras 7 membres de chaque espèce, Au septième mois… Il attendit encore 7 jours pour lâcher la colombe… Le septénaire était la base de la théologie occulte de l’Egypte, de même chez les Indiens. Le pharaon vit apparaître 7 vaches grasses, puis 7 maigres, 7 beaux épis et 7 épis brûlés par le vent… 7 années de famine, après 7 années de prospérité. On aspergea 7 fois le voile devant Yahvé. La prise de Jéricho… 7 prêtres porteront 7 trompes… Le septième jour, vous ferez 7 fois le tour de la ville. Salomon construisit le Temple en 7 ans. Dans la fosse de Daniel, il y a 7 lions… La tour de Babel est une pyramide aux 7 terrasses. Ne dit-on pas monter au septième ciel ? Mohammed vit un ange qui avait 70000 têtes, 70 voiles couvraient sa face… Le puissant 7 est dans la Kabbale avec 7 consonnes doubles qui ont un rapport avec les 6 jours de la création et le jour de repos. Les 7 rondes des manvatara aux 7 racines, dont chacune comprend 7 races, et chaque race 7 familles rappellent le jeu des 7 familles. L’apocalypse de Jean à 7 églises… Le mystère des 7 étoiles, des 7 candélabres d’or… les 7 esprits de Dieu se reflètent dans l’homme, le livre est scellé de 7 sceaux, les 7 sons de trompette. Jean survole toute la création terrestre avec la bête aux 7 têtes, les 7 collines de Rome. 7 anges répandront sur le monde les 7 coupes de la colère divine, sans oublier les 7 archanges (Asnaël, Gabriel, Samaël, Michaël, Sachiel, Raphaël, Castel). Et la liste reste longue à terminer… Donc notre triomphateur du 7, conscient de sa victoire parade, même si le plus dur reste à venir.
Venons-en aux initiales "S.M." sur la caisse du chariot. Ont-elles un sens et si oui lequel ? S.M. comme Sa Majesté ? Désignent-elles les principes alchimiques du Grand œuvre  Soufre et Mercure ? Sont-elles les initiales de Soi et Moi ? Ou bien encore désignent-elles deux autres arcanes du tarot : le Soleil (19) et la Mort (13) ? En effet dans l’alphabet le S est à la place 19 et le M au rang 13. Ainsi le S serait l’arcane 19 du Soleil et le M serait l’arcane 13 dite « sans nom » représentant la mort. Une forte symbolique de naissance et de renaissance. D’autres avancent que S.M. signifie tout simplement « essaime », ou bien encore désigne « Sa Majesté le Soleil » dans le psaume 68 de Daniel ? Curieusement toutes ces réponses convergent. C’est un arcane de Liberté et l’homme n’agira qu’après mure réflexion.
Si l’image est complexe, la lecture reste simple. Les roues sont de couleur chair, le chariot à donc un rapport avec notre corps. Les roues désolidarisées prouvent la notion de verticalité, d’ascendance. De la partition, on discerne le carré surmonté d’un triangle. Pour les Egyptiens c’est le triangle de l’Intelligence qui domine le carré de la matière, ce qui induirait la construction des Pyramides. Ce premier septénaire qui s’achève correspond à la construction du Moi. Nous sommes confrontés à la notion de mort et de renaissance, car c’est bien le corps qui meurt et avec lui le Moi. Cette représentation du Moi accepte de mourir pour renaître au Soi. La mort est vue comme terme de passage et d’issue, similaire à la naissance, car c’est bien elle qui s’oppose à la mort et non pas la vie. La vie entre naissance et mort est un passage initiatique, avec l’apprentissage du temps chronologique. Cet arcane 7 est l’étape de la dédramatisation de la mort de l’Ego. 7 est l’addition de 4 (carré)  structure de la matière et de 3 (triangle) la trinité de l’esprit. Il fait le passage entre le tangible et l’impalpable. Le « Moi » est le maître d’œuvre qui construit le temple personnel ou le « Soi » pourra s’épanouir. C’est donc l’arcane de la spiritualité en action, où le vainqueur impose sa volonté à l’attelage dont les chevaux qui tirent de sens contraire à hue et à dia, regardent néanmoins dans la même direction. Ces chevaux symbolisent les pulsions essentielles de l’homme qui s’expriment aux trois étapes de croissance de l’enfant, oralité, analité et génitalité. Le cheval rouge représente la pulsion, le feu de la terre, la transformation qui peut devenir destructrice si elle n’est maîtrisée. Le cheval bleu représente les eaux profondes, régénératrices, la spiritualité qui peut aussi entraîner la folie, si elle n’est totalement altruiste. Les chevaux du chariot sont une image forte de l’Inconscient, source d’équilibre ou de psychose. Pour conduire les chevaux le guide couronné utilise la lumière de la conscience, en faisant confiance à la fois à l’instinct de l’animal et à la force vitale. En affrontant l’obscur de l’inconscient l’homme est certain d’aller vers la lumière de l’esprit. Les deux masques sur ses épaules représentent la tragédie de la dualité et des conflits. Il faut savoir utiliser à bon escient les deux lumières du soleil et de la lune. Elles n’ont pas le même éclairage. Le sceptre représente l’interconnexion de ces forces cosmiques. Le « Moi » n’est pas une fin en soi mais le début de « Soi ». La cuirasse est l’armure du Sage fortifiant l’assise identitaire solide, maîtrisant les forces de l’inconscient. Les quinze clous de l’armure évoquent l’arcane 15 du Diable, prônant exclusivement pulsion et désir de vie. Il faut pourtant les dominer pour se libérer. Le « Moi » doit savoir mourir à sa toute puissance et humblement prendre sa place d’auxiliaire au service du « Soi ».
À la fin du premier septénaire, l’arcane du Chariot représente l’ensemble des forces cosmiques et psychiques qu’il nous faut conduire au cours de la vie. Se cramponner uniquement à sa puissance temporelle équivaut à ne pas naître au monde spirituel. Question de choix personnel… Toujours cette terrible dualité ! Mais qu’il est dur de tenir les rênes pour mener les chevaux dans la bonne et même direction.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire