Sa conduite demande
maîtrise
C’est
le premier arcane qui désigne un objet : un chariot. De plus avec son
numéro 7 cette carte
achève un septénaire, et représente un accomplissement. Le jeune homme fier qui
guide le chariot réfléchit entre culpabilité et responsabilité. Le chariot est cubique
de couleur chair ; il est surmonté d'une barre d'or séparant la lame en
deux espaces égaux mais différents, signifiant
que l’Esprit domine la matière. L’image indique cette séparation duale ;
elle se manifeste par deux têtes sur les épaules du cavalier représentant lune
et soleil, deux lettres inscrites sur le blason S et M, deux chevaux de deux
couleurs différentes, deux roues derrière le char, etc. L’homme est un
dominant, il porte la couronne royale avec lys et trèfles. Il est jeune. Il a
une cuirasse qui représente une protection nécessaire. C’est l’armure du sage
touché par la grâce. Le sens de victoire lui est attaché. Toute une symbolique
est soulignée. La chair désigne la conscience de l’homme. La septième séphira
de l’arbre de vie se nomme Netzach et
signifie Victoire et le 7 = 6+1, ce qui évoque l’achèvement de l’Univers. Les
couleurs dominantes rouge et bleue en opposition duale rappellent l’essentiel ;
le rouge : les pulsions, le sang, l’énergie, le feu, et le bleu : l’eau,
la spiritualité, la régénération, les œuvres divines. Armé des connaissances
acquises durant le premier septénaire du tarot, le personnage est maintenant sûr
de son choix. Il poursuit son chemin tiré par deux chevaux, l'un bleu et
l'autre rouge, comme le yin et yang, le conscient et l’inconscient. Il est
l’heure d’affronter les sept péchés capitaux inscrits en sa chair, afin de les
retourner en sept piliers de la sagesse autrement dit les vertus (quatre
cardinales et trois théologales). Les vertus sont la colonne vertébrale
soutenant l’être dans sa verticalisation. Il entre dans la lecture de son ADN,
prenant conscience que le désir matériel peut s’effacer au profit de l’énergie
spirituelle. L’expérience de la foi remplace la fragilité de l’égo. L’esprit
doit apprendre à régner sur la matière vivante en la guérissant de ses plaies
narcissiques, pour ouvrir sur l’espérance de cette prise de conscience.
On est toujours comptable de
ce que l’on devient.
Ce char guidé à travers la
dualité, se dirige vers la lumière. Comme au septième jour, nous sommes ici à
la fin d’un cycle ; pour l’évangéliste Jean nous sommes à l’aube d’un
nouveau départ vers la Jérusalem céleste. Le vainqueur de l’arcane du Chariot est le triomphateur des
épreuves, c'est-à-dire des tentations. Il n’a pas d’arme, car sa maîtrise fut
acquise dans la solitude et il la doit aux seules épreuves. Il est aussi le
symbole de l’initié triomphant qui connaît les secrets du cercle magique et les
énigmes de la pierre cubique (comme par exemple celle de la Kaaba de la Mecque) ;
il est le maître du grand-œuvre. Notre bateleur de la lame 1 est parvenu à
maturité dans la maîtrise de lui-même. On constate cela par ses cheveux dorés
(signe divin) ainsi que par son sceptre symbole de pouvoir ; il a un
certain degré de maîtrise. Pour la symbolique franc-maçonne son bras gauche de
couleur or (divin) rappelle l’équerre (rigueur, équité) ; son bras droit rouge
(énergie) forme avec le sceptre un compas dirigé vers le haut (vers la vérité
d’origine divine). Cette carte termine le premier septénaire (la lecture des 21
arcanes du tarot par 3 fois 7 fera l’objet d’un autre article). Ce chiffre
premier 7 est le nombre de la perfection. La perfection de la musique avec les
7 notes de la gamme. Il est dit que Dieu conclut au septième jour l’ouvrage de
création et sanctifia ce jour. Vous le savez inconsciemment le 7 est partout.
Par jeu donnons quelques exemples : 7 planètes, 7 jours de la semaine, 7
jeunes hommes et 7 jeunes filles offerts au Minotaure, 7 arts libéraux chez
Augustin, 7 couleurs de l’arc-en-ciel, 7 péchés capitaux et 7 vertus (prudence,
tempérance, force, justice – foi, espérance, charité), 7 sens du Coran, 7 chakras. 7 sacrements de l’église ; ou
bien encore Blanche-neige et les 7 nains et pourquoi pas les 7 boules de
cristal d’Hergé ? Ou encore les 7 merveilles du monde, 7 ans de
malheur qui condamnent celui qui a brisé un miroir. Il faut tourner 7 fois
sa langue dans la bouche par prudence, si l’on veut éviter de dire des bêtises
et j’en passe… Le 7 est aussi dans les textes de toutes les religions : Noé
prendras 7 membres de chaque espèce, Au septième mois… Il attendit encore 7
jours pour lâcher la colombe… Le septénaire était la base de la théologie
occulte de l’Egypte, de même chez les Indiens. Le pharaon vit apparaître 7
vaches grasses, puis 7 maigres, 7 beaux épis et 7 épis brûlés par le vent… 7
années de famine, après 7 années de prospérité. On aspergea 7 fois le voile
devant Yahvé. La prise de Jéricho… 7 prêtres porteront 7 trompes… Le septième
jour, vous ferez 7 fois le tour de la ville. Salomon construisit le Temple en 7
ans. Dans la fosse de Daniel, il y a 7 lions… La tour de Babel est une pyramide
aux 7 terrasses. Ne dit-on pas monter au septième ciel ? Mohammed vit un
ange qui avait 70000 têtes, 70 voiles couvraient sa face… Le puissant 7 est
dans la Kabbale avec 7 consonnes doubles qui ont un rapport avec les 6 jours de
la création et le jour de repos. Les 7 rondes des manvatara aux 7 racines, dont
chacune comprend 7 races, et chaque race 7 familles rappellent le jeu des 7
familles. L’apocalypse de Jean à 7 églises… Le mystère des 7 étoiles, des 7
candélabres d’or… les 7 esprits de Dieu se reflètent dans l’homme, le livre est
scellé de 7 sceaux, les 7 sons de trompette. Jean survole toute la création
terrestre avec la bête aux 7 têtes, les 7 collines de Rome. 7 anges répandront
sur le monde les 7 coupes de la colère divine, sans oublier les 7 archanges
(Asnaël, Gabriel, Samaël, Michaël, Sachiel, Raphaël, Castel). Et la liste reste
longue à terminer… Donc notre triomphateur du 7, conscient de sa victoire parade,
même si le plus dur reste à venir.
Venons-en aux initiales
"S.M." sur la caisse du chariot. Ont-elles un sens et si oui
lequel ? S.M. comme Sa Majesté ? Désignent-elles les principes
alchimiques du Grand œuvre Soufre et Mercure ? Sont-elles les initiales
de Soi et Moi ? Ou bien encore désignent-elles deux autres arcanes du
tarot : le Soleil (19) et la Mort (13) ? En effet dans l’alphabet le
S est à la place 19 et le M au rang 13. Ainsi le S serait l’arcane
19 du Soleil et le M serait l’arcane 13 dite « sans nom »
représentant la mort. Une forte symbolique de naissance et de renaissance. D’autres
avancent que S.M. signifie tout simplement « essaime », ou bien encore
désigne « Sa Majesté le Soleil » dans le psaume 68 de Daniel ? Curieusement
toutes ces réponses convergent. C’est un arcane de Liberté et l’homme n’agira
qu’après mure réflexion.
Si l’image est complexe, la
lecture reste simple. Les roues sont de couleur chair, le chariot à donc un rapport
avec notre corps. Les roues désolidarisées prouvent la notion de verticalité,
d’ascendance. De la partition, on discerne le carré surmonté d’un triangle.
Pour les Egyptiens c’est le triangle de l’Intelligence qui domine le carré de
la matière, ce qui induirait la construction des Pyramides. Ce premier
septénaire qui s’achève correspond à la construction du Moi. Nous sommes
confrontés à la notion de mort et de renaissance, car c’est bien le corps qui
meurt et avec lui le Moi. Cette représentation du Moi accepte de mourir pour
renaître au Soi. La mort est vue comme terme de passage et d’issue, similaire à
la naissance, car c’est bien elle qui s’oppose à la mort et non pas la vie. La
vie entre naissance et mort est un passage initiatique, avec l’apprentissage du
temps chronologique. Cet arcane 7 est l’étape de la dédramatisation de la mort
de l’Ego. 7 est l’addition de 4 (carré) structure de la matière et de 3 (triangle) la
trinité de l’esprit. Il fait le passage entre le tangible et l’impalpable. Le « Moi »
est le maître d’œuvre qui construit le temple personnel ou le « Soi »
pourra s’épanouir. C’est donc l’arcane de la
spiritualité en action, où le vainqueur impose sa volonté à l’attelage dont les
chevaux qui tirent de sens contraire à hue et à dia, regardent néanmoins dans
la même direction. Ces chevaux symbolisent les pulsions essentielles de
l’homme qui s’expriment aux trois étapes de croissance de l’enfant,
oralité, analité et génitalité. Le cheval rouge représente la pulsion, le feu
de la terre, la transformation qui peut devenir destructrice si elle n’est
maîtrisée. Le cheval bleu représente les eaux profondes, régénératrices, la
spiritualité qui peut aussi entraîner la folie, si elle n’est totalement altruiste.
Les chevaux du chariot sont une image forte de l’Inconscient, source
d’équilibre ou de psychose. Pour conduire les chevaux le guide couronné utilise
la lumière de la conscience, en faisant confiance à la fois à l’instinct de l’animal
et à la force vitale. En affrontant l’obscur de l’inconscient l’homme est
certain d’aller vers la lumière de l’esprit. Les deux masques sur ses épaules
représentent la tragédie de la dualité et des conflits. Il faut savoir utiliser
à bon escient les deux lumières du soleil et de la lune. Elles n’ont pas le
même éclairage. Le sceptre représente l’interconnexion de ces forces cosmiques.
Le « Moi » n’est pas une fin en soi mais le début de « Soi ».
La cuirasse est l’armure du Sage fortifiant l’assise identitaire solide, maîtrisant
les forces de l’inconscient. Les quinze clous de l’armure évoquent l’arcane 15
du Diable, prônant exclusivement pulsion et désir de vie. Il faut pourtant les
dominer pour se libérer. Le « Moi » doit savoir mourir à sa toute
puissance et humblement prendre sa place d’auxiliaire au service du « Soi ».
À la fin du premier
septénaire, l’arcane du Chariot représente l’ensemble des forces cosmiques et
psychiques qu’il nous faut conduire au cours de la vie. Se cramponner uniquement
à sa puissance temporelle équivaut à ne pas naître au monde spirituel. Question
de choix personnel… Toujours cette terrible dualité ! Mais qu’il est dur
de tenir les rênes pour mener les chevaux dans la bonne et même direction.
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