A la recherche de l’identité
perdue
Le nom de Roue
de Fortune symbolise un cycle… Fortune déesse du destin. Voici une roue qui
peut tourner sans arrêt de haut en bas. Elle est entraînée par trois personnages
sujets aux illusions des apparences. Elle pilote la vie, la vie qui est un
mouvement perpétuel. L’image est à trois niveaux, une roue avec trois
personnages. Un assis en haut, sur une plate-forme, deux autres petits animaux
étranges agrippés à la roue ; quand l’un monte, l’autre descend. La Roue
de Fortune est en équilibre sous l'action de ces deux êtres fantastiques. Celui
qui monte ressemble à un chien représentant l’esprit, tandis que celui qui
descend semble être un singe symbolisant l’animalité ; ils sont tous deux symboles
de la vie qui apparaît et de la vie qui disparaît, de la force créatrice et de
la force destructrice. On constate que chacun de ces petits personnages ont une
tare. L'un, les oreilles ceintent par un bandeau, est sourd. L’autre est muet,
la forme de sa bouche ne lui permettant pas de parler. Quant au troisième il
est aveugle. Une analogie peut être faite avec les trois singes de la sagesse: « Je ne vois rien, je n'entends rien, je ne
dis rien ». L’animal couronné, sceptre en main, occupe au sommet de la
roue le point d’équilibre. Il est l’expression des énergies bénéfiques ou
maléfiques. On se trouve en fait sous le regard du Sphinx, qui connaît le Grand
Secret. Dans sa patte une épée pour trancher en toute équité. L’énigme du
sphinx est ainsi celle de l’animalité et l’humanité réunies. Le tétramorphe, le
taureau, le lion l’aigle et l’ange ou homme représentent ce sphinx divin :
l’aigle est le principe créateur, le lion le courage moral, le taureau la méditation
profonde et l’ange l’objectivité et la véracité. L’important c’est la quinte
essence que réalise le sphinx. Cette roue est aussi le point d'équilibre entre
l'été et l'hiver, le moment de l'égalité des jours et des nuits. La roue
indique l'année ou l'écliptique, vu qu’elle a six rayons divisés chacun en deux
parties. Les six rayons de la roue dessinent le « I » et le
« X » superposés, une façon graphique de montrer le retour du Un dans
le dix. Le moyeu au centre est traversé par un axe blanc, couleur du principe
divin. Cela évoque l’homme traversé par un axe de spiritualité et par l’axe du
monde. Comme un rouet, la roue de Fortune est actionnée par une manivelle
blanche (pureté de couleur). L’homme
contrôle ainsi sa bonne fortune. Par la manivelle il fait tourner la roue de sa
destinée. Il est le seul sur la Terre à posséder le libre arbitre. C'est la
roue de la destinée, la chance, les aléas de la vie. Le jour laisse sa place à
la nuit, l'alternance du yin et du yang. L’intelligence de l’homme est le
moteur de la roue du destin, la conscience dirige la main. Si l’esprit est
maître de la main, l’homme prend connaissance de son destin. Le terrain sur
lequel repose la roue est de couleur chair. Cela nous révèle que cette roue est
la roue de la vie avec ses hauts et ses bas. Elle représente la vitesse des
changements qui peuvent survenir dans une vie en bien comme en mal. La roue de
la vie tourne sur son axe, qui transforme l’invisible en visible. Tout parle,
la roue, couleur chair est en deux parties, la jante et le bandage. Une partie
en contact avec l’extérieur et une partie intérieure en relation avec le
centre… un conscient et un inconscient.
Le
nombre 10 que porte la Roue de fortune
globalise la mémoire de la création 1+2+3+4, la tétraktys pythagoricienne.
Autant de passage que tout chevalier doit franchir avant de découvrir le graal,
objet de sa recherche. Avec le 10 revient l’unité, le Un. Nous débutons une
nouvelle boucle. Le Nombre 10 est le Un
suivi du Zéro. Sa réduction
théosophique nous ramène à la gouvernance qui est le Nombre Un. Ce nombre dix
implique une action conjointe de l’ordre et du chaos, de l’invisible sur le
visible. Cette Roue polarisée par l’énergie de la dualité assure le mouvement,
et suppose les réincarnations successives de l’âme, jusqu’à son terme
libérateur. Dans l’ancienne Égypte le symbolisme des cycles était figuré par l’Ouroboros
ce serpent qui forme un cercle et se mord la queue. Le Sphinx gardien qui
domine la Roue de Fortune, fait
respecter les règles, symbole de la synthèse de l’animalité sublimée des quatre
éléments par la maîtrise et la domination de leurs forces (vertus) à laquelle
doit parvenir l’âme humaine. L’autre partie de l’axe est invisible, avec la
main d’une entité suprême agissant aussi. Le sphinx a plongé dans les eaux de
l’inconscient. L’humain est détenteur du questionnement, et de plus, qu’il est
lui-même la réponse. Œdipe répond « l’homme »
à la question « qui suis-je ? » interrogation sur l’origine
personnelle et collective en cherchant d’où on vient. Interrogation sur le
présent, le sens de l’incarnation, de l’être ici et maintenant. Interrogation sur
le futur, personnel et sur celui de l’humanité et de la conscience. Au matin de
sa vie avec le 4 l’homme vit l’expérience de la matérialité, il marche à quatre
pattes, Au midi de sa vie avec le 2, il manifeste et incarne le vivant, au soir
de sa vie avec le 3 (la cane de l’Hermite), il a intégré la trinité, le
principe, sa manifestation et la conscience du principe incarné. Le singe
attaché à la roue descend pour aller à la quête d’éléments de réponse.
L’animalité de l’humain, aller aux tréfonds de l’inconscient se fait toujours
avec la peur au ventre. La terre de couleur chair est feuillée, c’est la
terre-corps. Dans la chair de l’homme repose la mémoire individuelle et
collective du vivant. L’échelle posée au sol, qui sert de base à l’édifice, a
deux barreaux qui représentent le 2 de la manifestation sexuée. Horizontale
elle symbolise le déplacement dans l’espace. Toute la roue repose sur elle (la
couleur jaune symbolise l’incarnation, lorsque la couleur chair indique le
questionnement), autrement dit lumière et sens. Dans les profondeurs de notre
inconscient, doivent se révéler les matériaux bruts, que nous allons
transformer par la mise en mots. Le singe descend chercher la réponse, puis
avec le chien jaune qui remonte s’élève la lumière. Le chien est le symbole de
passeur d’âmes, il est porteur de conscience. L’Homme s’interroge sans fin sur
lui-même, et chaque tour de la roue représente sa quête. Cela expose le mode
d’évolution de la conscience par le questionnement ; l’homme cherche sans
cesse à se définir et à se connaître ; l’humanité plus elle avance,
comprend toujours mieux son passé. C’est la roue de l’éternité, la vie se
renouvelant infiniment.
Pour
terminer cet arcane évoque l’identité qui se crée dans le renouvellement
constant des choix. L’âme a deux yeux, l’un regarde le temps, l’autre
l’éternité. La roue rend dynamique la contemplation rencontrée chez l’Hermite
(9). L’arcane concrétise la recherche des secrets afin de les remonter à la
conscience. C’est le doute rencontré à tout instant qui fait aller de l’avant.
Le Bateleur est ainsi amené au cœur de l’atome, dans une descente vers l’ADN, à
la recherche de l’identité perdue. Le Un point central, masculin, esprit qui
anime la matière, c’est un don, esprit spirituel se manifestant dans l’espace,
et qui va se projeter, devenir rayon du cercle dont la circonférence peut
atteindre l’Infini, symbole du soleil et de l’atome… Il fait le deux, l’esprit
et la sagesse, le cercle avec l’amour pour qu’existe l’équilibre, l’harmonie de
l’être. La rencontre entre conscient et inconscient est inévitable ; La
refuser en tournant autour de la roue, plutôt que d’être avec fait courir le
risque de se broyer dans un questionnement sans fin et sans issue. La Force
(11) du courage moral et le Pendu (12) du lâcher prise qui suivent le 10 sont
les biens venus pour nous y aider. La Roue
de Fortune fondatrice de l’identité, est donc le symbole de la vie qui
passe, et lorsqu’elle s’immobilise, la vie matérielle s’éteint. Elle représente
la recherche de notre identité profonde, qui mène vers la dimension
spirituelle.
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