La Lune, le luminaire
De la lumière
réfléchie
Paradoxalement
cet arcane qui s’appelle La Lune
n’est pas la lune… C’est
en fait, une éclipse du Soleil qui nous est montrée. Le croissant de lune
évoque la croissance, qui est un acte de foi. Cette lame représente les embûches de la vie. Ce n’est donc ni le jour, ni
la nuit. La Lune
figurée sur la carte, astronomiquement, est impossible à voir. Il s’agit donc
bien de représenter l’ombre dans la lumière. C’est dans l’épreuve qu’on se
remet en question et que l’on cherche la lumière. La lune éclaire la nuit de sa
pâle clarté qui fait une apparence étrange des aspects du monde, parfois
inquiétants. Elle symbolise donc l’inconscient. La lune règne aussi sur les
liquides et évoque les rythmes, les cycles, le temps qui passe, l’action sur
les eaux de la terre, de la femme et de son cycle biologique de 28 jours. Tout
ceci a généré les premiers calendriers de l’Humanité. C’est par la suite que
viendra le calendrier solaire scandant les saisons, et symbolisant l’Or, laissant
l’Argent à la Lune. Son cycle nocturne amène les ténèbres, un sentiment
d’insécurité, de crainte. La Lune
fait naître des ombres par son éclairage indirect. La lune engendre l’illusion, et la nuit l’imagination s’amplifie, le rêve
peut devenir cauchemar. La lune nous parle de notre psychisme, un retour sur
Soi, comme Jean de la Lune,
le rêveur, ou bien la symbolique de la comptine « Mon ami Pierrot » la symbolique du tribunal divin et
du passage des morts chez les égyptiens qui pèsent la plume. C’est le
symbolisme de mort et de renaissance. L’arcane possédé le double sens du verbe
Réfléchir : d’une part le renvoi de la lumière du miroir et d’autre part
la réflexion par la pensée et l’examen. Au premier plan de cet arcane une mare
d’eau au fond de laquelle vit une écrevisse. L’écrevisse se déplace en marche
arrière ; elle est mangeuse d’excréments, nettoie l'eau de par ses
activités. Si l'eau devient de plus en
plus pure, le miroir opaque de l'inconscient se clarifie. Le bassin est
empli des eaux bleues de l’Inconscient. L’écrevisse
mue périodiquement changeant de carapace, sous entendu de niveau de conscience.
Le bassin est structuré en forme hexagonale du côté du chien et du loup (L’expression
entre chien et loup définit ce moment étrange et paradoxal entre le jour et la
nuit où la lumière hésite comme l’âme humaine), alors que de l’autre côté la rive est sauvage. L’eau du bassin bouge
(inconscient), d’où le ponton situé au bord. L’eau ou se trouve l’écrevisse est
bleue signe de réceptivité. Les deux tours sont dessinées sur les côtés
de la carte, l'une ayant des ouvertures et l'autre n'en possédant point. Les tours, représentent les 2 hémisphères
cérébraux, celui de droite ouvert (l’intuition) celui de gauche fermé (la
logique) éclairées par l’illumination céleste. Les 2 tours peuvent aussi
évoquer les deux ovaires, quand l’un se ferme, l’autre s’ouvre. Elles peuvent
aussi correspondre au solstice d’été, fête de Jean-Baptiste qui va décroître
jusqu’au solstice d’hiver, Noël, la naissance du Christ qui pourra croître. Un
chien jappe et un loup hurle sous la lune et essayent de boire les gouttes
d'eau (conscience) montant vers celle-ci. L’un est viril (queue en croissant lunaire) l’autre est soumis (queue
basse). Il faut comprendre que la nuit nous lâchons prise, il n’y a pas les
mêmes repères que le jour. L’écrevisse tend les pattes, Idée de gestation, de
création, d’imagination. La mère a perdu les eaux dans lesquelles l’enfant
baignait. Une des berges est faite de lignes droites, représentant la
rive des limites de la conscience. L’autre berge reste sauvage, « terra
incognita », nous ne connaissons pas les confins de notre être, ils sont
inexploités. L’écrevisse illustre nos origines animales lointaines. De plus le
crustacé se déplace à reculons, allusion à la régression. Il faut sortir des
eaux de la mère, et aller vers la lumière. Ne pas évoluer c’est reculer. Les
mondes de l’imaginaire et de l’inconscient présentent de multiples dangers,
ceux de l’illusion et du fantasme, pouvant mener jusqu’aux naufrages psychiques,
aux psychoses. Aux limites de l’arcane, les deux tours qui se dressent se
placent au début du chemin de la vie et à son terme. Naissance et Mort sont aux
frontières de l’indicible et de l’innommable. L’indicible c’est l’inconscient
qui ne peut être dit (voir l’article sur le Mat – 0). L’innommable c’est la
mort qui ne peut être nommée (voir l’arcane sans nom – 13). Entre les deux la Lune est la réflexion et
l’expérience de la conscience. Encore une fois l’homme est placé sur une croix
au point d’intersection de la verticale et de l’horizontale. Les gouttes sont
les bribes de messages qui passent de l'inconscient vers le conscient. 19
gouttes (8 bleues, 6 rouges, 5 jaunes) qui rappellent celles du Soleil (voir prochains
articles) attirées vers l’astre du jour. Le chien peureux aboit pour se
rassurer et boit les gouttes représentent les peurs inconscientes qui sont
logées au fond de chaque individu et qui empêchent de voir la réalité. La Lune
est la mère qui accueille, le réservoir des émotions que l'être humain ne
contrôle pas. Le conscient se contente des gouttes qui ont pu remontées jusqu'à
lui. Le loup qui lui fait face hurle à la mort, sous un soleil éclipsé par la Lune. Les deux bêtes refusent de voir l’écrevisse
et la connaissance (inconscient). L’arcane représente la dualité de l’être, qui
ne retrouve son unité que dans le sommeil, l’inconscient. Le chien et le loup
sont les gardiens de l’inconscient où il y a danger à pénétrer sans
préparation. L’arcane nous offre ainsi une double mise en garde :
les canidés de garde et les tours de guet. Le chien est l’ami de l’homme,
rappelle la confiance accordée, il faut se tourner vers le divin. Il a la
fonction de passeur d’âmes. Il sert d’intercesseur et de protecteur entre les
mondes. Pour les alchimistes le chien et le loup sont les deux faces d’un même
symbole, le chien dévoré par le loup représente la purification de l’or par
l’antimoine… Avant dernière épreuve du Grand Œuvre. Les deux tours peuvent
aussi représenter le symbole par lequel les Anciens désignaient les
solstices comme des bornes limitant la
course du soleil. Près des tours, le chien et le loup, les gardiens de
l’Au-delà, vigilants, fidèles, qui avec l’écrevisse sont autant de symboles
lunaires.
Ce Nombre 18 de La Lune est celui de la puissante
faculté de nos cinq sens spirituels qu’est l’Intuition ; celle qui fait
intervenir dans la conscience éveillée les énergies cosmiques ; la maîtrise
de cette faculté spirituelle qu’est l’Intuition nous confère avec efforts, une
morale qui fera résonner mais aussi raisonner notre conscience en harmonie avec
la Providence ; son absence de maîtrise nous conduirait dans les
profondeurs du monde souterrain de la névrose temporelle. La Lune est le
principe de la réflexion, mais… l’écrevisse comme l’intelligence marche en
arrière. La conscience humaine va devoir mêler la lumière créatrice, la lumière
réfléchie et la lumière révélée. La Lune représente le Verbe qui
raisonne. C’est l’émergence de l’égo spirituel. Le traumatisme de la naissance
a mis en place un oubli absorbant tout ce qui est su sans être connu. Il faut
tout retrouver. L’âme vierge du début est porteuse de toute sa mémoire
ancestrale. Arrivé à la lune, on devient créateur, il aura fallu pour cela
traverser toutes les épaisseurs de la matière. La lumière du langage symbolique
est seule acceptable par l’Ombre. Le message de notre ADN porte en mémoire
toute la création du monde. « C’est
la nuit, mon âme est une fontaine qui jaillit » écrit Nietzsche. Sur
la voie de l’évolution de la conscience, la Lune éclaire les régions obscures ou
l’imaginaire, la symbolisation à l’ouverture au monde spirituel ont les racines
les plus profondes. Du fond de la nuit elle nous ouvre au monde du Soleil, pour
aller vers la lumière révélée. Ainsi l’état de conscience plonge l’intelligence
dans un bassin d’eau stagnante d’un bassin géométrique formaté (L’écrevisse
recule) car il lui faut trouver l’intuition et la création, que l’intelligence bornée limite. La révolte critique et
l’obéissance, sont les antinomies intellectuelles qui s’élèvent par la
symbolique des deux tours inébranlables dans leur opposition. La synthèse,
l’intelligence cherche un arrangement intellectuel qui débarrasse de cette
contradiction pour survoler le chien de la soumission à l’autorité qui geint,
et du loup de la critique qui hurle. L’éclipse est la projection de l’ombre de
la volonté humaine arbitraire qui tombe dans son subconscient. L’écrevisse qui
recule n’a pas d’autre choix que d’avancer. Le choix se limite à s’élever… ou à
reculer et alors s’enfoncer dans l’eau stagnante de la matière, victime de
l’intelligence humaine. L’intelligence doit absolument sortir de sa prison pour
s’élever vers la connaissance objective sublimée.
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