mardi 2 juillet 2019

Tarot 14 - Le luminaire de la Lune

Après avoir parlé du luminaire de l'étoile, considérons maintenant le plus révélateur celui de la Lune portant le chiffre 18...



La Lune, le luminaire
De la lumière réfléchie
           
Paradoxalement cet arcane qui s’appelle La Lune n’est pas la lune… C’est en fait, une éclipse du Soleil qui nous est montrée. Le croissant de lune évoque la croissance, qui est un acte de foi. Cette lame représente les embûches de la vie. Ce n’est donc ni le jour, ni la nuit. La Lune figurée sur la carte, astronomiquement, est impossible à voir. Il s’agit donc bien de représenter l’ombre dans la lumière. C’est dans l’épreuve qu’on se remet en question et que l’on cherche la lumière. La lune éclaire la nuit de sa pâle clarté qui fait une apparence étrange des aspects du monde, parfois inquiétants. Elle symbolise donc l’inconscient. La lune règne aussi sur les liquides et évoque les rythmes, les cycles, le temps qui passe, l’action sur les eaux de la terre, de la femme et de son cycle biologique de 28 jours. Tout ceci a généré les premiers calendriers de l’Humanité. C’est par la suite que viendra le calendrier solaire scandant les saisons, et symbolisant l’Or, laissant l’Argent à la Lune. Son cycle nocturne amène les ténèbres, un sentiment d’insécurité, de crainte. La Lune fait naître des ombres par son éclairage indirect. La lune engendre l’illusion, et la nuit l’imagination s’amplifie, le rêve peut devenir cauchemar. La lune nous parle de notre psychisme, un retour sur Soi, comme Jean de la Lune, le rêveur, ou bien la symbolique de la comptine « Mon ami Pierrot » la symbolique du tribunal divin et du passage des morts chez les égyptiens qui pèsent la plume. C’est le symbolisme de mort et de renaissance. L’arcane possédé le double sens du verbe Réfléchir : d’une part le renvoi de la lumière du miroir et d’autre part la réflexion par la pensée et l’examen. Au premier plan de cet arcane une mare d’eau au fond de laquelle vit une écrevisse. L’écrevisse se déplace en marche arrière ; elle est mangeuse d’excréments, nettoie l'eau de par ses activités. Si l'eau devient de plus en plus pure, le miroir opaque de l'inconscient se clarifie. Le bassin est empli des eaux bleues de l’Inconscient. L’écrevisse mue périodiquement changeant de carapace, sous entendu de niveau de conscience. Le bassin est structuré en forme hexagonale du côté du chien et du loup (L’expression entre chien et loup définit ce moment étrange et paradoxal entre le jour et la nuit où la lumière hésite comme l’âme humaine), alors que de l’autre côté la rive est sauvage. L’eau du bassin bouge (inconscient), d’où le ponton situé au bord. L’eau ou se trouve l’écrevisse est bleue signe de réceptivité. Les deux tours sont dessinées sur les côtés de la carte, l'une ayant des ouvertures et l'autre n'en possédant point. Les tours, représentent les 2 hémisphères cérébraux, celui de droite ouvert (l’intuition) celui de gauche fermé (la logique) éclairées par l’illumination céleste. Les 2 tours peuvent aussi évoquer les deux ovaires, quand l’un se ferme, l’autre s’ouvre. Elles peuvent aussi correspondre au solstice d’été, fête de Jean-Baptiste qui va décroître jusqu’au solstice d’hiver, Noël, la naissance du Christ qui pourra croître. Un chien jappe et un loup hurle sous la lune et essayent de boire les gouttes d'eau (conscience) montant vers celle-ci. L’un est viril (queue en croissant lunaire) l’autre est soumis (queue basse). Il faut comprendre que la nuit nous lâchons prise, il n’y a pas les mêmes repères que le jour. L’écrevisse tend les pattes, Idée de gestation, de création, d’imagination. La mère a perdu les eaux dans lesquelles l’enfant baignait. Une des berges est faite de lignes droites, représentant la rive des limites de la conscience. L’autre berge reste sauvage, « terra incognita », nous ne connaissons pas les confins de notre être, ils sont inexploités. L’écrevisse illustre nos origines animales lointaines. De plus le crustacé se déplace à reculons, allusion à la régression. Il faut sortir des eaux de la mère, et aller vers la lumière. Ne pas évoluer c’est reculer. Les mondes de l’imaginaire et de l’inconscient présentent de multiples dangers, ceux de l’illusion et du fantasme, pouvant mener jusqu’aux naufrages psychiques, aux psychoses. Aux limites de l’arcane, les deux tours qui se dressent se placent au début du chemin de la vie et à son terme. Naissance et Mort sont aux frontières de l’indicible et de l’innommable. L’indicible c’est l’inconscient qui ne peut être dit (voir l’article sur le Mat – 0). L’innommable c’est la mort qui ne peut être nommée (voir l’arcane sans nom – 13). Entre les deux la Lune est la réflexion et l’expérience de la conscience. Encore une fois l’homme est placé sur une croix au point d’intersection de la verticale et de l’horizontale. Les gouttes sont les bribes de messages qui passent de l'inconscient vers le conscient. 19 gouttes (8 bleues, 6 rouges, 5 jaunes) qui rappellent celles du Soleil (voir prochains articles) attirées vers l’astre du jour. Le chien peureux aboit pour se rassurer et boit les gouttes représentent les peurs inconscientes qui sont logées au fond de chaque individu et qui empêchent de voir la réalité. La Lune est la mère qui accueille, le réservoir des émotions que l'être humain ne contrôle pas. Le conscient se contente des gouttes qui ont pu remontées jusqu'à lui. Le loup qui lui fait face hurle à la mort, sous un soleil éclipsé par la Lune. Les deux bêtes refusent de voir l’écrevisse et la connaissance (inconscient). L’arcane représente la dualité de l’être, qui ne retrouve son unité que dans le sommeil, l’inconscient. Le chien et le loup sont les gardiens de l’inconscient où il y a danger à pénétrer sans préparation. L’arcane nous offre ainsi une double mise en garde : les canidés de garde et les tours de guet. Le chien est l’ami de l’homme, rappelle la confiance accordée, il faut se tourner vers le divin. Il a la fonction de passeur d’âmes. Il sert d’intercesseur et de protecteur entre les mondes. Pour les alchimistes le chien et le loup sont les deux faces d’un même symbole, le chien dévoré par le loup représente la purification de l’or par l’antimoine… Avant dernière épreuve du Grand Œuvre. Les deux tours peuvent aussi représenter le symbole par lequel les Anciens désignaient les solstices  comme des bornes limitant la course du soleil. Près des tours, le chien et le loup, les gardiens de l’Au-delà, vigilants, fidèles, qui avec l’écrevisse sont autant de symboles lunaires.
Ce Nombre 18 de La Lune est celui de la puissante faculté de nos cinq sens spirituels qu’est l’Intuition ; celle qui fait intervenir dans la conscience éveillée les énergies cosmiques ; la maîtrise de cette faculté spirituelle qu’est l’Intuition nous confère avec efforts, une morale qui fera résonner mais aussi raisonner notre conscience en harmonie avec la Providence ; son absence de maîtrise nous conduirait dans les profondeurs du monde souterrain de la névrose temporelle. La Lune est le principe de la réflexion, mais… l’écrevisse comme l’intelligence marche en arrière. La conscience humaine va devoir mêler la lumière créatrice, la lumière réfléchie et la lumière révélée. La Lune représente le Verbe qui raisonne. C’est l’émergence de l’égo spirituel. Le traumatisme de la naissance a mis en place un oubli absorbant tout ce qui est su sans être connu. Il faut tout retrouver. L’âme vierge du début est porteuse de toute sa mémoire ancestrale. Arrivé à la lune, on devient créateur, il aura fallu pour cela traverser toutes les épaisseurs de la matière. La lumière du langage symbolique est seule acceptable par l’Ombre. Le message de notre ADN porte en mémoire toute la création du monde. « C’est la nuit, mon âme est une fontaine qui jaillit » écrit Nietzsche. Sur la voie de l’évolution de la conscience, la Lune éclaire les régions obscures ou l’imaginaire, la symbolisation à l’ouverture au monde spirituel ont les racines les plus profondes. Du fond de la nuit elle nous ouvre au monde du Soleil, pour aller vers la lumière révélée. Ainsi l’état de conscience plonge l’intelligence dans un bassin d’eau stagnante d’un bassin géométrique formaté (L’écrevisse recule) car il lui faut trouver l’intuition et la création, que l’intelligence bornée limite. La révolte critique et l’obéissance, sont les antinomies intellectuelles qui s’élèvent par la symbolique des deux tours inébranlables dans leur opposition. La synthèse, l’intelligence cherche un arrangement intellectuel qui débarrasse de cette contradiction pour survoler le chien de la soumission à l’autorité qui geint, et du loup de la critique qui hurle. L’éclipse est la projection de l’ombre de la volonté humaine arbitraire qui tombe dans son subconscient. L’écrevisse qui recule n’a pas d’autre choix que d’avancer. Le choix se limite à s’élever… ou à reculer et alors s’enfoncer dans l’eau stagnante de la matière, victime de l’intelligence humaine. L’intelligence doit absolument sortir de sa prison pour s’élever vers la connaissance objective sublimée.



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