La lecture du Tarot comprend tant d'entrées diverses et de cheminements particuliers différents et pertinents qu'il convient de démontrer leur utilité en étudiant quelques uns de ces chemins.
Les quatre portes
1-6-11-16
Le livre
du Tarot est un véritable pèlerinage vers soi-même. Étudier et comprendre ces
images nous aide à mieux nous connaître. De ce passé émergent des contes, des
mythes ou légendes dont est pétrie la pensée globale de chaque civilisation. Le
Tarot véhicule un symbolisme usuel faisant référence aux archétypes de
l’humanité et leur possible traduction personnelle en l’individu. C’est un
livre déguisé en un jeu de 78 cartes. Dès qu’on voit le Fou, on ne peut que
penser aux 77 cartes qui le suivent et dont on peut modifier l’interprétation.
« Quand je pense un mot, a dit
Mahomet, je pense aux 77 sens qu’il
contient ». S’agit-il d’un outil spirituel ? Est-il le jeu de
l’Ame ? Ce livre présente des arcanes - d’arcanus, secret, mystère -,
c’est donc de symbolisme qu’il s’agit. Le Tarot est nomade, universel, il
s’offre à tous et se dévoile à qui veut le lire. Il est un alphabet universel
aux infinies possibilités de compréhension et d’expressions ; il est
encore une roue (rota), un cercle au point en éternelle expansion ou
concentration. Le Tarot est le « Temple du Verbe », y pénétrer c’est
découvrir son sens et son langage. Mais il existe tant de possibilités d’accès
pour le péénétrer. Il est censé « contenir la synthèse de toute
connaissance humaine et de tout mysticisme ». De possibles origines remontent
vers 2170 av J.C., quand des sages se réunirent en un conclave présidé par
Hermès Trismégiste, ou encore aux kabbalistes qui virent dans les 22 arcanes,
les 22 lettres de l’alphabet hébreu, les 22 sentiers de l’arbre séfirotique, en
lequel se reflètent la nature humaine et toute la structure de l’Univers. Une
image vaut 10.000 mots. Contiendrait-il tous les livres sacrés ? Sa
description par les Bohémiens, l’Apocalypse (22 têtes de chapitre) et
l’Évangile de Saint-Jean pour les Chrétiens, le Coran pour les Musulmans, le
Sepher-Bereshit pour les Juifs, les Vedas pour les Indiens, la légende d’Hiram
pour les Francs-maçons, l’Odyssée pour les Grecs, l’Eneide pour les
Romains ? Si de multiples stratégies de lecture sont possibles,
dont 7 fois 3 lames ou bien 3 fois 7 arcanes, il en est une autre étonnante que
je vous propose aujourd’hui : celle de sa décomposition en 5 phases avec 4
lignes de 5 lames qui se suivent formant un carré accessibles par quatre
portes, englobant l’enfance, l’éducation, le compagnonnage, la maîtrise,
aboutissant au centre du carré où trônerait la sagesse en présence de son
bouffon, le fou. Ainsi la première porte serait poussée par le bateleur (N°1), représentant
l’incarnation. C’est le temps de l’enfance, de la construction et de l’apprentissage
du corps physique, le stade des parents et grands parents. (Arcanes I, II, III,
IIII, V). La deuxième porte est poussée par l’Amoureux
(N°6), représentant la première passion. Voici venu le temps de la
construction du mental, le « Je » se doit de briller (voir l’arcane
du chariot ou Victoire). C’est le temps où va s’acquérir l’indépendance.
(Arcanes VI, VII, VIII, VIIII, X). Puis l’on pousse la troisième porte que
symbolise la Force (N°11), qui doit
permettre la reconstruction par et dans la matière avec la maîtrise de l’égo et
une conduite vers le Soi. C’est le temps du « Connais-toi toi-même »
le temps de la réalisation défini par Maslow, la construction du corps
émotionnel symbolisé par la montée des énergies (arcanes XI, XII, XIII, XIIII,
XV). Cette porte des énergies étant la quatrième matérialisée par la Maison-Dieu (N°16). Est venu le temps
de la maîtrise, de la réalisation de soi, c’est la fin de la peur, le cœur à
cœur, avec l’appréhension de la connaissance (Arcanes XVI, XVII, XVIII, XVIIII,
et XX). Enfin l’aboutissement est au centre, c’est la synthèse avec le XXI
représentant le Monde. Le temps de la
Sagesse, la participation à ce que certains nomment la Conscience de l’âme du
Monde. Ici se situe le Mat (0 ou XX). Il s’excuse (vous connaissez tous le
nom de cette carte dans le jeu devenu
populaire) et tire sa révérence ; il est en permanence sur l’instant. Il
est en marge et vit dans l’ici aujourd’hui, car le passé et le futur n’existent
pas dans son quotidien (c’est le Fou sacré, le Bouddha idiot, le Juif errant).
A noter que dans le Tarot Chinois qui n’a pas de 0, mais bien 22 arcanes
numérotées, le Fou s’appelle le Singe, et c’est le 21, le Monde étant en 22.
Ceci sans doute en référence au Bardo-Thödol, qui laisse l’âme à ce niveau
atteindre soit l’absolu, (représenté par le Monde, l’arcane étant le centre et
aboutissement du chemin de vie, du pèlerinage de l’âme), ou bien restant impure
elle s’en retourne au Bateleur pour entamer
un nouveau cycle. A titre d’éclairage de ce propos, parcourons ensemble
les arcanes de la première porte…. celle de la naissance. Quand l'être
s'incarne au Bateleur, il est pris en
charge par l'un des quatre archétypes de toute société, de ceux qui produisent,
fabriquent, et enseignent. L’arcane II la
Papesse, représentant les bâtons et l’élément Terre, l’arcane III de l’Impératrice et l’élément de l'Eau et
des deniers, l’arcane IIII de l’Empereur
avec les épées et l’élément du Feu, et enfin l’arcane du Pape, l’élément Air et les coupes. L’enfant dans le ventre de la
mère à la mémoire du monde. Après l’accouchement qui lui donne le sentiment
d’abandon, le nourrisson ne se percevra plus comme un morceau de sa mère.
L'être va suivre une éducation traditionnelle au sein de la famille, les
enseignements de sa grand-mère la Papesse
(II), qui lui montre comment prendre contact avec le monde extérieur par la
matière, avec ses cinq sens. Un an après sa naissance, il est ouvert à la
conscience de la mort. Le rôle de la papesse et de lui apprendre à lire le
livre de chair qu’elle tient sur ses genoux, pour qu’il comprenne que son
accroissement se fera dans l’esprit et non plus de la chair. Puis sa mère l'Impératrice (III), lui fait prendre
contact avec le monde social par la circulation des deniers, la gestion de la
vie ; l’impératrice siffle la fin du jeu des illusions et le met face au
péché originel avec les doutes et la dualité du bien et du mal ; elle enseigne
et délimite les envies de l’individu avec ce que le collectif lui autorise.
Vient le temps du père l'Empereur (IIII)
qui transmet la puissance physique, montre l'autorité qui en découle, et fait
entrer dans le monde des hommes ; il symbolise l’ego fondateur, de la graine qui pousse il est le jardinier.
Enfin le grand-père le Pape (V) qui a
la charge des transmissions par la mise en mot des connaissances et des expériences.
Il fait le pont entre matériel et spirituel. C’est pour les Chrétiens
l’analogie avec Jean-Baptiste qui prépare par le baptême, la venue du Christ.
On ne peut prétendre aller à l’esprit sans une bonne préparation de la matière.
Voilà pourquoi les personnages de ces quatre arcanes sont assis sur des trônes
pour bien montrer l’importance de l’enfance comme en parlait le psychologue
Piaget. C'est ainsi que l'enfant, perçoit ces archétypes, des modèles
tout-puissants qui forment l'assise de toute société humaine.
A l’aide
des images, et à titre d’exercice, je vous laisse continuer par vous-mêmes
l’interprétation des trois autres lignes du carré…
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