vendredi 3 janvier 2020

Tarot 20 - Les quatre portes

La lecture du Tarot comprend tant d'entrées diverses et de cheminements particuliers différents et pertinents qu'il convient de démontrer leur utilité en étudiant quelques uns de ces chemins.



Les quatre portes
1-6-11-16
           
Le livre du Tarot est un véritable pèlerinage vers soi-même. Étudier et comprendre ces images nous aide à mieux nous connaître. De ce passé émergent des contes, des mythes ou légendes dont est pétrie la pensée globale de chaque civilisation. Le Tarot véhicule un symbolisme usuel faisant référence aux archétypes de l’humanité et leur possible traduction personnelle en l’individu. C’est un livre déguisé en un jeu de 78 cartes. Dès qu’on voit le Fou, on ne peut que penser aux 77 cartes qui le suivent et dont on peut modifier l’interprétation. « Quand je pense un mot, a dit Mahomet, je pense aux 77 sens qu’il contient ». S’agit-il d’un outil spirituel ? Est-il le jeu de l’Ame ? Ce livre présente des arcanes - d’arcanus, secret, mystère -, c’est donc de symbolisme qu’il s’agit. Le Tarot est nomade, universel, il s’offre à tous et se dévoile à qui veut le lire. Il est un alphabet universel aux infinies possibilités de compréhension et d’expressions ; il est encore une roue (rota), un cercle au point en éternelle expansion ou concentration. Le Tarot est le « Temple du Verbe », y pénétrer c’est découvrir son sens et son langage. Mais il existe tant de possibilités d’accès pour le péénétrer. Il est censé « contenir la synthèse de toute connaissance humaine et de tout mysticisme ». De possibles origines remontent vers 2170 av J.C., quand des sages se réunirent en un conclave présidé par Hermès Trismégiste, ou encore aux kabbalistes qui virent dans les 22 arcanes, les 22 lettres de l’alphabet hébreu, les 22 sentiers de l’arbre séfirotique, en lequel se reflètent la nature humaine et toute la structure de l’Univers. Une image vaut 10.000 mots. Contiendrait-il tous les livres sacrés ? Sa description par les Bohémiens, l’Apocalypse (22 têtes de chapitre) et l’Évangile de Saint-Jean pour les Chrétiens, le Coran pour les Musulmans, le Sepher-Bereshit pour les Juifs, les Vedas pour les Indiens, la légende d’Hiram pour les Francs-maçons, l’Odyssée pour les Grecs, l’Eneide pour les Romains ? Si de multiples stratégies de lecture sont possibles, dont 7 fois 3 lames ou bien 3 fois 7 arcanes, il en est une autre étonnante que je vous propose aujourd’hui : celle de sa décomposition en 5 phases avec 4 lignes de 5 lames qui se suivent formant un carré accessibles par quatre portes, englobant l’enfance, l’éducation, le compagnonnage, la maîtrise, aboutissant au centre du carré où trônerait la sagesse en présence de son bouffon, le fou. Ainsi la première porte serait poussée par le bateleur (N°1), représentant l’incarnation. C’est le temps de l’enfance, de la construction et de l’apprentissage du corps physique, le stade des parents et grands parents. (Arcanes I, II, III, IIII, V). La deuxième porte est poussée par l’Amoureux (N°6), représentant la première passion. Voici venu le temps de la construction du mental, le « Je » se doit de briller (voir l’arcane du chariot ou Victoire). C’est le temps où va s’acquérir l’indépendance. (Arcanes VI, VII, VIII, VIIII, X). Puis l’on pousse la troisième porte que symbolise la Force (N°11), qui doit permettre la reconstruction par et dans la matière avec la maîtrise de l’égo et une conduite vers le Soi. C’est le temps du « Connais-toi toi-même » le temps de la réalisation défini par Maslow, la construction du corps émotionnel symbolisé par la montée des énergies (arcanes XI, XII, XIII, XIIII, XV). Cette porte des énergies étant la quatrième matérialisée par la Maison-Dieu (N°16). Est venu le temps de la maîtrise, de la réalisation de soi, c’est la fin de la peur, le cœur à cœur, avec l’appréhension de la connaissance (Arcanes XVI, XVII, XVIII, XVIIII, et XX). Enfin l’aboutissement est au centre, c’est la synthèse avec le XXI représentant le Monde. Le temps de la Sagesse, la participation à ce que certains nomment la Conscience de l’âme du Monde. Ici se situe le Mat (0 ou XX). Il s’excuse (vous connaissez tous le nom  de cette carte dans le jeu devenu populaire) et tire sa révérence ; il est en permanence sur l’instant. Il est en marge et vit dans l’ici aujourd’hui, car le passé et le futur n’existent pas dans son quotidien (c’est le Fou sacré, le Bouddha idiot, le Juif errant). A noter que dans le Tarot Chinois qui n’a pas de 0, mais bien 22 arcanes numérotées, le Fou s’appelle le Singe, et c’est le 21, le Monde étant en 22. Ceci sans doute en référence au Bardo-Thödol, qui laisse l’âme à ce niveau atteindre soit l’absolu, (représenté par le Monde, l’arcane étant le centre et aboutissement du chemin de vie, du pèlerinage de l’âme), ou bien restant impure elle s’en retourne au Bateleur pour entamer un nouveau cycle. A titre d’éclairage de ce propos, parcourons ensemble les arcanes de la première porte…. celle de la naissance. Quand l'être s'incarne au Bateleur, il est pris en charge par l'un des quatre archétypes de toute société, de ceux qui produisent, fabriquent, et enseignent. L’arcane II la Papesse, représentant les bâtons et l’élément Terre, l’arcane III de l’Impératrice et l’élément de l'Eau et des deniers, l’arcane IIII de l’Empereur avec les épées et l’élément du Feu, et enfin l’arcane du Pape, l’élément Air et les coupes. L’enfant dans le ventre de la mère à la mémoire du monde. Après l’accouchement qui lui donne le sentiment d’abandon, le nourrisson ne se percevra plus comme un morceau de sa mère. L'être va suivre une éducation traditionnelle au sein de la famille, les enseignements de sa grand-mère la Papesse (II), qui lui montre comment prendre contact avec le monde extérieur par la matière, avec ses cinq sens. Un an après sa naissance, il est ouvert à la conscience de la mort. Le rôle de la papesse et de lui apprendre à lire le livre de chair qu’elle tient sur ses genoux, pour qu’il comprenne que son accroissement se fera dans l’esprit et non plus de la chair. Puis sa mère l'Impératrice (III), lui fait prendre contact avec le monde social par la circulation des deniers, la gestion de la vie ; l’impératrice siffle la fin du jeu des illusions et le met face au péché originel avec les doutes et la dualité du bien et du mal ; elle enseigne et délimite les envies de l’individu avec ce que le collectif lui autorise. Vient le temps du père l'Empereur (IIII) qui transmet la puissance physique, montre l'autorité qui en découle, et fait entrer dans le monde des hommes ; il symbolise l’ego fondateur,  de la graine qui pousse il est le jardinier. Enfin le grand-père le Pape (V) qui a la charge des transmissions par la mise en mot des connaissances et des expériences. Il fait le pont entre matériel et spirituel. C’est pour les Chrétiens l’analogie avec Jean-Baptiste qui prépare par le baptême, la venue du Christ. On ne peut prétendre aller à l’esprit sans une bonne préparation de la matière. Voilà pourquoi les personnages de ces quatre arcanes sont assis sur des trônes pour bien montrer l’importance de l’enfance comme en parlait le psychologue Piaget. C'est ainsi que l'enfant, perçoit ces archétypes, des modèles tout-puissants qui forment l'assise de toute société humaine.
A l’aide des images, et à titre d’exercice, je vous laisse continuer par vous-mêmes l’interprétation des trois autres lignes du carré…

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