Le Monde et
l’Apocalyse
Et si ce beau 21 du MONDE, n’était qu’Apocalypse ?
Cet arcane n°21 que l’on trouve
au bout du chemin du Tarot et qui s’appelle Le
Monde est-elle la fin d’un monde, sinon la fin du monde ? A la fin de
ce troisième septénaire l’individu découvre le but de sa quête, le lieu idéal,
un équilibre acquis prenant appui sur les principes cosmiques, ce que d’aucuns
appellent la Jérusalem céleste. L’un des privilèges de l’initié du grand
arcane, c’est la divination. Deviner, c’est exercer la divinité, une
équivalence de l’homme-dieu. Etre devin, selon la force du mot, serait donc
être divin. « Ainsi est le sage. Il embrasse l’Unité.
Il vit caché et pourtant tous le voient ». Le nombre vingt-et-un a pour lettre hébraïque Shin, nom divin
signifiant le « tout puissant ». C’est la marque de
l’Hiérophante (arcane n°5) parvenu au plus haut degré de l’initiation. Il n’y a
plus ni fin, ni commencement, ni naissance, ni mort, tout est accompli, c’est
la signification du dépassement de l’entendement, le couronnement de l’œuvre.
Naissant à ce nouveau monde l’androgyne nu au centre de la mandorle de
lauriers, (qui a la position inverse du pendu renversé (arcane n°12), avec
l’écharpe enroulée comme un serpent, le plus rusé des anges, celui qui
conduit), possède toute la sérénité du beau, l’expression de la vérité et de la
perfection. Ce personnage central, c’est le monde qui danse. Le corps s’est
révélé être le Temple de la réalisation, le lieu de l’incarnation de l’esprit.
Unifié, il repose sur un seul pied, la terre n’est rien d’autre qu’un point
d’appui : un marchepied. La baquette tenue à la main lui permet de capter
les énergies positives. Cette guirlande de forme ovale rappelle celle de
l’amande, symbole du mariage, unissant les quatre éléments. Étant tournante,
elle devient alors le zodiaque, roue d’Ezéchiel dont les points cardinaux sont
marqués par le quaternaire kabbalistique correspondant aux saisons, aux
éléments… Aux évangélistes : respectivement : l'ange de saint Mathieu, le
taureau de Luc, l'aigle de Jean et le lion de Marc. Ils sont les
représentations des 4 vivants d’Ézéchiel et de l’Apocalypse : « Devant le trône s’étendait
une mer limpide comme du cristal : face au trône et à l’entour se
trouvaient quatre Vivants ayant des yeux partout, devant et derrière. Le
premier Vivant ressemblait à un Lion, le second à un taureau, le troisième
avait comme un visage d’homme et le quatrième ressemblait à un aigle en plein
vol ». Ces 4 figures représentent : le Taureau (symbole de la
Terre) puissance de la réalité matérielle, le Lion (symbole du Feu) puissance
de la lumière qui vivifie, l’Aigle (symbole de l’Air) représentation de
l’esprit, les courants de la fraternité, le lien entre le ciel et la terre,
l’Ange (symbole de l’Eau) puissance de l’amour. C’est le quaternaire
cosmogonique du Taureau, de l’Aigle, du Lion et de l’Ange. L’Ange et les trois
animaux sacrés sont représentés dans le Ciel par les étoiles situées aux quatre
points cardinaux : Adelbaran ou l’œil du taureau, Régulus ou le cœur du Lion,
Altaïr la lumière de l’Aigle et Fomalhaut du Poisson austral qui absorbe l’eau
que répand le Verseau. Tout cela s’accomplit ici et maintenant car nous vivons
dans l’illusion du monde.
Pour connaître le monde, il faut
se connaître soi-même. Parole d’évangile « Celui qui connaît le Tout, s’il est privé de lui-même, est privé du
Tout. De
nos jours, le langage commun utilise le terme d’apocalypse comme la fin des
temps dans un chaos infernal, une destruction totale, et la disparition de
l’homme. L’arcane du Monde est donc celui de l’analyse et de la synthèse. Pour
exister le monde a besoin d’être réfléchi par la conscience. La Mandorle,
l’auréole sacrée, appelée aussi « Œil de Dieu » est tressée de
spiritualité, de pulsion de vie et d’ordre. Elle évoque aussi la vulve, la
matrice de vie, la porte et voie d’accès au Monde. A l’instant de la mort nous
ouvrons la porte de ce monde inconnu, c’est le sens ultime de cette mandorle,
elle figure une porte sur l’éternité de l’au-delà de la vie, l’au-delà du
monde. Le Monde nous invite à réaliser l’âme humaine, substance intermédiaire
entre la matière et l’esprit, comme la définissait Jung afin de se confondre et
s’unir sur un axe collectif, un axe du monde qu’il nomma « Ame du
Monde ». Réaliser son âme humaine individuelle c’est réaliser l’âme du
monde. Cet axe collectif traversant chaque âme individuelle, donc chacun
d’entre nous. Autour de la mandorle, trois des quatre vivants sont auréolés
sauf le taureau de couleur chair, qui est le signe que le corps est abandonné.
Entre taureau et lion le haut d’une couronne fait le pont pour que la chair
accède à l’esprit. L’aigle et le lion, tous deux de couleur or, sont des
symboles alchimiques ; l’aigle (mercure) représente le « solve » de la formule, il est l’anima, l’âme ; le Lion (sulfur)
est l’âme des métaux, le coagula,
l’esprit, l’animus. Le sel en est la
conséquence, de couleur chair au centre de la mandorle (le corps incarnant le
monde matériel). Le passage vers l’autre monde se voit bien, à droite de
l’androgyne on a le Passé, ange et taureau de couleur chair, à gauche
l’aigle et le lion de couleur or, symbolisent le passage de l’Humain au Divin. Cette séparation est à souligner,
avec d’un côté les signes royaux du lion et de l’aigle, et les signes
terrestres, mémoriaux du taureau et de l’homme. Cela identifie le lien entre le
matériel (bœuf et homme) et le spirituel, entre le réel et le spirituel. Cette
dualité existentielle est la charnière entre le bien et le mal, ou le jour
venu, il faudra rétablir l’équilibre, et alors ce sera alors l’apocalypse. La
signification d’« Apocalypse » c’est découvrir, dévoiler
ce qui était caché. C’est lever le voile de la
Papesse (arcane n°2) Il ne s’agit donc pas de mort ou de destruction, mais
bien plutôt de révélation et de connaissance intelligible. Mais l’Apocalypse
reste un livre secret, scellé des « sept sceaux » (7 fois 3 = 21
arcanes du tarot). Comme nul homme ne peut prétendre en découvrir le message ni
en comprendre les énigmes qui s’y trouvent, comment dès lors approcher cet
antagonisme entre la révélation à tous, alors qu’aucun homme ne peut en
comprendre le secret ? Voilà TOUT ce que révèle l’arcane 21 du Monde, l’Apocalypse est à la fois un
chemin personnel et collectif dont l’échange
sous le manteau des arcanes du Tarot, permet de décrypter le mythe de l’Apocalypse. Chaque homme a
ainsi la possibilité de comprendre son histoire intérieure individuelle qui
s’inscrit dans un collectif universel. Après le cheminement dans le Tarot,
décoder l’arcane du Monde revient à
expliquer l’avènement du Soi de l’homme. Le Christ de l’Apocalypse, représente
l’homme réalisé, non pas fils de dieu, mais bien fils de l’homme. L’histoire de l’individu s’inscrit dans
l’histoire collective car si chacun est une part du Tout, le Tout demeure
entier. Donc chaque histoire humaine individuelle permet à l’histoire
collective de se révéler jusqu’à la fin des temps. Ainsi le mythe de
« L’Apocalypse » par la lecture du Tarot traduit l’histoire de la vie
dans sa finalisation d’harmonie, la cohérence de la mort partie intégrante de
la logique du vivant et la transformation perpétuelle de la vie. C’est la
clé ouvrant sur la vérité d’une pérennité de la conscience. L’arcane 16 de la Maison Dieu démontrait la destruction
du temple matériel car l’homme se doit de chercher avec humilité la Jérusalem Céleste qui ne pourra
qu’entrer en lui. C’est dans l’intimité de sa transformation intérieure qu’il
trouvera le salut. L’arcane du Monde
est donc celui de la révélation, après l’enlèvement du voile de la Papesse, sans oublier l’importance du Jugement (arcane n°20), afin qu’il
aille vers sa propre réalisation dans sa compréhension du monde. Il trouvera
dès lors son harmonie personnelle. La fin du Monde est symbolisé
par la dualité des 4 vivants de l’arcane, dont, rappelons-le, deux symbolisent l’achèvement de ce monde ci,
matériel et temporel, et les deux autres l’avènement d’un monde spirituel et
éternel, où le passage est l’épanouissement individuel dans un monde devenu
autre. Le voile enlevé autour de cette porte (dissimulée derrière les colonnes
de la Papesse qui tient le livre de chair), fait comprendre le monde d’après,
celui du beau. Le beau c’est le bien qui se fait aimer. L’arcane du
Monde est celle de l’Apocalypse… Apocalypse
qui n’est que la révélation de nous-mêmes.
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