vendredi 5 août 2016

Nectar et rififi

Le loup et l'agneau est toujours la plus connue des fables du grand La Fontaine, cette petite parodie qui évoque aussi le devenir de l'humanité... autour d'une histoire de pollinisateurs.
Pour une fois l'aquarelle est venue après.
 






Nectar et rififi

Une abeille, un papillon et un colibri
Gourmands, butinaient de jolies fleurs, à l’abri
D’un grand espace arboricole,
Puisant le doux nectar au sein de leurs corolles.
Ils avaient bec, mandibules, trompes et langues
Qui ne prêtaient point aux harangues,
Vu que chacun faisait recette en qualité
De goût pour le sucre récolté
Sur les beaux boutons mellifères.
Mais le plus beau des paradis
Peut vite devenir enfer
Quand du partage naît la tragicomédie.
À trop pomper, le champ d’action s’était réduit
Il allait manquer de produit.
Chacun revendiqua les lieux
Comme un bien hérité des cieux ;
Notre trio se montra plus que détestable,
En déclarant tout voisinage inacceptable.
Désirant montrer leur puissance
Tous mirent leurs sens en éveil
À la danse frétillante en huit notre abeille
Opposa un long bourdonnement de jouissance ;
Au vol arrière du colibri, l’ex chenille
Menaça de soumettre à l’effet papillon.
Après toutes ses banderilles
Ils se traitèrent d’histrions
Et rien ne put les arrêter dans leurs diatribes.
Les voilà sans dessein, sans moral, sans pitance,
Prêt à utiliser ce que les lois prohibent
Le mal, la force et la violence.
Notre reine des ruches et le beau transformiste
Eurent beau défendre de façon polémiste
Pollinisation datant de Melchisédech
Le bel oiseau les passa par le fil du bec.
Ainsi la puissance n’est pas dans la gloriole
Car la preuve, à le croire on ne voit fin venir.
Il en est ainsi des bestioles
Le passé n’est que souvenir
Où l’on se joue de l’avenir
Création et destin n’ont qu’à bien se tenir !
Le présent reste l’existence
Dont chacun n’est pas prêt à scinder son repas ;
La force est la seule puissance,
Sentencieusement, dont on ne discute pas.

1 commentaire:

  1. Très jolie fable. Il faut la lire et méditer. En passant des animaux aux hommes il n’y a qu’un pas.
    Merci pour cette fable.
    Corine N.

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