samedi 15 octobre 2016

Le compère et les commères

Je suis revenu au dessin suggérant la fable... Ces deux chiens hasardeusement rencontrés, m'ont plu... Ils observaient du haut de leur fenêtre, les passants dans la rue.



Le compère et les commères

Un cerf fut le dindon d’un renard charlatan
Qui bécotait déjà l’épouse buvetière ;
Il mérita cornes d’autan
Que le rusé le trompa de belle manière.
Voulant transmettre à son compère après sa mort
La clé de son bistrot conservant ses bouteilles
Par erreur, lui transmis la clé du coffre-fort
Détenant toute son oseille.
De l’avoir fait cocu il n’en était pas fier
Osa Goupil, mais le pire seraient ses juges,
Lui désignant des commères qui aboyèrent,
Pour qu’au son du glas il le gruge.
Le compère cruel, très adroit et subtil
Faisait que s’ébruitât reproche à sa maîtresse.
Pour cela, il confiait, afin que l’on distille
Vitriol à la mie, aux commères sa détresse.
Mais ce n’est pas sans risque
Par mémères calomniatrices
Curieuses, à l’affut de tout vécu d’odalisque
D’en faire des informatrices
En livrant ses vices à la rue.
Déblatérant et susurrant plus qu’il n’eut cru
Hors dialecticiens et sophistes
Que la grue couchait tant d’arsouilles sur sa liste
Qu’elle n’en pouvait plus
Du flux et du reflux ;
Raillant toujours plus faux que vrai
Plus vite que ne croît l’ivraie
Au point que cette malveillance
Fit qu’on trouva biche pendue à la potence.
Les donzelles caressant leur coulpe sur l’heure
Taillent un costard au cerf, enfument sa demeure.
Tant s’enfle la rumeur, tant courent les fadaises
Du bonheur de colporter le malheur des gens
Que la bête aux bois se jeta d’une falaise
Faisant l’entrain du charlatan
Qui hérita de tout
Justifiant le grigou.
En se voyant dupées, les bavardes recrues
Derechef admonestèrent le camelot.
Le finaud en resta coi, puis coriace, puis cru
Les ridiculisant de leur mélimélo :
« Il voulait la tuer
Grâce à vous, il l’a fait ! »
Bernées elles avaient statué
Du rusé elles allaient en cafter les méfaits.
« Vilain renard vous avez pris sa mie pour cible
Pour zigouiller le cervidé de l’héritage ! »
 « Il convient mes commères de passer au crible
Afin d’apaiser votre rage
Ces bévues qui vous serviront
Au pinacle des crétineries, de fleurons ;
La vie de commère est si vide
Que cancaner d’autrui en fait votre importance. »
Elles gouttèrent mal à l’avis de l’avide
Et usèrent de leur jactance,
S’en donnant à cœur joie.
On dénigre, on taille, on accuse
D’une doctrine qui met renard aux abois
« La bête est enragée, sortez vos arquebuses ! »
Tant et si bien que l’aigrefin
Par des chasseurs de peaux vit arriver sa fin.
Souvent la vérité s’embrouille
Lorsque des compères se brouillent
S’ils utilisent alors des commères qui couvrent
Quand la vérité se découvre
Elles sauront dire tout le mal du faraud
Qui le mettra vite au tombeau.

2 commentaires:

  1. Encore une belle fable. Et quelle fable, tout en subtilité. Remarquable ! Daniel. Merci
    Paul

    RépondreSupprimer
  2. Ah! Daniel, si vous ressemblez à vos écrits, vous devez être l'une des plus charmantes personnes de votre ville. (Je n'en doute pas)
    On se laisse emporter par votre écriture et par votre enthousiasme. Quelle belle écriture! Merci Daniel
    Maryline M

    RépondreSupprimer