Le compère et les commères
Un cerf fut le dindon d’un
renard charlatan
Qui bécotait déjà l’épouse
buvetière ;
Il mérita cornes d’autan
Que le rusé le trompa de
belle manière.
Voulant transmettre à son
compère après sa mort
La clé de son bistrot
conservant ses bouteilles
Par erreur, lui transmis
la clé du coffre-fort
Détenant toute son
oseille.
De l’avoir fait cocu il
n’en était pas fier
Osa Goupil, mais le pire seraient ses juges,
Lui désignant des commères
qui aboyèrent,
Pour qu’au son du glas il
le gruge.
Le compère cruel, très
adroit et subtil
Faisait que s’ébruitât
reproche à sa maîtresse.
Pour cela, il confiait,
afin que l’on distille
Vitriol à la mie, aux
commères sa détresse.
Mais ce n’est pas sans
risque
Par mémères calomniatrices
Curieuses, à l’affut de
tout vécu d’odalisque
D’en faire des
informatrices
En livrant ses vices à la
rue.
Déblatérant
et susurrant plus qu’il n’eut cru
Hors
dialecticiens et sophistes
Que
la grue couchait tant d’arsouilles sur sa liste
Qu’elle
n’en pouvait plus
Du
flux et du reflux ;
Raillant
toujours plus faux que vrai
Plus
vite que ne croît l’ivraie
Au point que cette
malveillance
Fit qu’on trouva biche
pendue à la potence.
Les donzelles caressant
leur coulpe sur l’heure
Taillent un costard au cerf, enfument sa demeure.
Taillent un costard au cerf, enfument sa demeure.
Tant s’enfle la rumeur,
tant courent les fadaises
Du bonheur de colporter le
malheur des gens
Que la bête aux bois se
jeta d’une falaise
Faisant l’entrain du
charlatan
Qui hérita de tout
Justifiant le grigou.
En se voyant dupées, les
bavardes recrues
Derechef admonestèrent le
camelot.
Le finaud en resta coi, puis coriace, puis cru
Les ridiculisant de leur mélimélo :
Le finaud en resta coi, puis coriace, puis cru
Les ridiculisant de leur mélimélo :
« Il voulait la tuer
Grâce à vous, il l’a
fait ! »
Bernées elles avaient
statué
Du rusé elles allaient en
cafter les méfaits.
« Vilain renard vous
avez pris sa mie pour cible
Pour zigouiller le cervidé de l’héritage ! »
Pour zigouiller le cervidé de l’héritage ! »
« Il convient mes commères de passer au crible
Afin d’apaiser votre rage
Ces bévues qui vous serviront
Au pinacle des crétineries, de fleurons ;
Ces bévues qui vous serviront
Au pinacle des crétineries, de fleurons ;
La vie de commère est si
vide
Que cancaner d’autrui en
fait votre importance. »
Elles gouttèrent mal à l’avis
de l’avide
Et usèrent de leur jactance,
S’en donnant à cœur joie.
On dénigre, on taille, on
accuse
D’une doctrine qui met
renard aux abois
« La bête est enragée,
sortez vos arquebuses ! »
Tant et si bien que l’aigrefin
Par des chasseurs de peaux
vit arriver sa fin.
Souvent la vérité s’embrouille
Souvent la vérité s’embrouille
Lorsque des compères se
brouillent
S’ils utilisent alors des commères
qui couvrent
Quand la vérité se
découvre
Elles sauront dire tout le
mal du faraud
Qui le mettra vite au
tombeau.
Encore une belle fable. Et quelle fable, tout en subtilité. Remarquable ! Daniel. Merci
RépondreSupprimerPaul
Ah! Daniel, si vous ressemblez à vos écrits, vous devez être l'une des plus charmantes personnes de votre ville. (Je n'en doute pas)
RépondreSupprimerOn se laisse emporter par votre écriture et par votre enthousiasme. Quelle belle écriture! Merci Daniel
Maryline M