vendredi 3 mai 2019

Tarot 12 - Le renversement du pendu

Abordons maintenant le délicat passage de la vie matérielle à la vie spirituelle.. Un nécessaire renversement.

Le renversement du pendu
           
Dans la « mathématique » du Tarot, ou l’arcane sans nombre (0) du Mat reste l’étincelle, deux autres cartes sont essentielles le 1 (bateleur) et le 21 (le monde). Ce n’est pas pour rien qu’au jeu de cartes traditionnel du Tarot, « Avoir les 3 bouts » est une excellente main, permettant de jouer la garde. Mais restons aux chiffres et au cheminement du 1 au 21. 1 et 2 font 12 qui en les inversant font 21. Le 1 ce bateleur qui débute les arcanes majeurs accolé au 2 (la papesse) permettent de trouver l’équilibre et ouvre le septénaire du corps qui se termine par le 7 (le chariot) assurant sa maîtrise. C’est dans le deuxième septénaire du 7 au 14 que s’acquièrent les quatre vertus de l’âme (voir Tarot 1). Avec ces vertus nous affrontons le 12 (le pendu) que nous allons étudier et qui avec son renversement mène au 21 (le monde). Le Pendu, comme déjà le fœtus, bascule tête première pour franchir la porte étroite. Nous avons quitté le monde aquatique de la mère, pour entrer dans le monde aérien du père en étant nommés. Cet arcane voit notre perception du réel qui bascule. Dans le chariot (7) l’intelligence dominait la matière, dans le pendu matière et intelligence inversées sont suspendues à un fil. Si la corde casse, les deux s’écrasent. Si l’on revient au bateleur (1) et qu’on se focalise sur la pièce ronde tenue dans sa main, on s’aperçoit qu’elle est parfaitement au centre de la carte. Le centre du 1 c’est ce point, c’est le Un, je l’ai déjà dit. Si l’on observe sa table, elle n’a que trois pieds. Bancale la table ? Du tout ! Car la Papesse (2) livre la solution. La table se poursuit chez elle et sert de support au livre qu’elle tient ; livre qui est de la même couleur chair que l’établi sur lequel repose les outils. On prend conscience que la table est solide. Dans le Tarot les arcanes s’enchaînent, s’entremêlent ou se regroupent toujours dans un ordre logique et sensé. Dans le livre de vie de la papesse, la lecture de l’ADN du bateleur, doit permettre de lever les voiles sur les mystères qui l’entourent. À l’inverse du 1, le Monde (21) est l’aboutissement avec trois éléments invisibles puisqu’auréolés et un seul visible (le bœuf).  Le tarot indique sur le chemin, comment passer du bateleur au Monde, donc du 1 au 21. Il faut utiliser le 2 (la Papesse) et passer ainsi par le 12. Cet arcane est celui du Pendu où doit s’effectuer l’inéluctable retournement, afin de voir les choses autrement, en se remettant en question, pour percevoir du Tout la subliminale quintessence de notre œuvre : la vie. Les trois cartes du 1, 12, et 21 montrent chacune trois options visibles contre une non visible ou l’inverse. À vous d’observer… Les pieds de la table, le bœuf, etc. Donc notre Pendu représente la mort volontaire et le sacrifice. C’est l’abnégation. Astronomiquement le pendu correspond au solstice d'hiver, dont il faut retenir que la principale victime est le Soleil lui-même ; au point le plus bas de sa course, il est en quelque sorte renversé la tête en bas. Voilà pourquoi le pendu a cette chevelure jaune et rayonnante entourant son gibet de douze branches coupées. Il se balance au vent léger, formant un lien entre le matériel et le spirituel. Son oreille droite est visible, car il est à l’écoute. C’est le seul arcane qui représente l’ouïe. Il conserve la tête libre et la corde figure la grâce accordée pour une ascension. Mais la corde représente aussi l’union et le cordon ombilical. À l’observation, si l’on retourne l’arcane, le pendu semble joyeux, comme en train de danser le menuet en sautant sur le pied gauche suspendu entre ciel et terre. Les arbres ont leurs frondaisons dirigées vers le ciel et sous ses pieds pousse l’herbe... Mais les branches coupées sont douze plaies sanglantes, qui se dirigent toutes vers le sol. L’arcane à l’envers nous trouble par son illusion. En fait il est bien loin d’avoir les pieds sur terre. C’est la fin d’un cycle avec une expiation. L’homme est pendu par le talon d’un pied avec une corde, à deux arbres formant les supports de la potence. Mais il ne semble pas souffrir malgré les mains liées dans le dos qui l'empêche d'agir. L’homme est suspendu au Passé, mais sa jambe droite représentant l’avenir reste libre. Cette jambe forme une équerre et représente un 4 (l’empereur). Quatre est aussi le mot hébreu daleth qui signifie porte. Cette situation est sans possibilité de retour. L'intuition devient certitude. Les deux arbres représentent les arbres du jardin d’Eden (arbre de vie et arbre de la connaissance). Ils sont aussi une nouvelle représentation des colonnes du Temple comme dans les arcanes II-V-VII-VIII-XII-XVIII. Le symbole du triangle à l'envers surmonté d'une croix, représente l'accomplissement du grand œuvre alchimique ; il est stylisé par la forme des jambes croisées et des bras dans le dos. Ainsi est énoncé le risque des ténèbres éternelles pour l’esprit de l’homme qui ne suit pas les justes règles justes de la vie. Le temps est suspendu à un fil. Ayant compris son destin, il est à l’envers des courants, donc pendu. Il faut une autre raison de vivre. Il a besoin d’un guide, et n’a pas encore compris que ce guide, c’est lui-même. Il faut qu’il se sacrifie pour renaître. Cet homme qui a ainsi la tête dirigée vers la terre et les pieds, symbole de racines, dirigés vers le ciel, nous indique l’inversion des perceptions. Il affronte l’inversion des valeurs en surpassant les désirs, les instincts et les émotions de l’être charnel dont il était sous l’emprise terrienne. La volonté, les aspirations d’une vie spirituelle dépendent du ciel. Les deux attirances sont en totale opposition. D’où cette idée de sacrifice. L’inversion du cycle montre cette sensation de crucifixion symbolisée par le Tau que forme le Pendu avec la barre transversale qui le soutient. Cette position du 12, dans le dessin du Temple, jouxtant la clé de voûte du 11 (la Force), énonce que l’âme qui a maitrisé le corps en n’habitant plus la Terre, a encore un long chemin à faire dans la souffrance pour atteindre l’Eden. Voilà qui résume la conquête des facultés supérieures des sens spirituels, échelon préalable d’élévation, pour parvenir à la supra-conscience et l’émancipation de la volonté. Ce nombre 12 représente ainsi les douze signes du Zodiaque, il évoque les rythmes cycliques, les douze heures de la montre, les lunaisons, les mois de l’année faite de quatre saisons de trois mois chacune. Notre Pendu est au centre. Il évoque la symbolique chrétienne avec les 12 fruits de l’arbre de la connaissance, les 12 apôtres du Christ, les 12 portes de la Jérusalem céleste, les 12 tribus d’Israël, les 12 stations du chemin de croix. Ce n’est pas pour rien que la numérologie l’appelle le nombre de la perfection, le carré que multiplie le triangle pour symboliser stabilité et action. Le douze symbolise aussi l’Univers dans son déroulement, avec les quatre éléments, et les trois états de la matière : solide, liquide et gazeux. Le douze c’est encore les travaux d’Hercule travaux qui assimilent les richesses de la connaissance, comme l’indiquent les douze branches coupées des deux arbres qui soutiennent le Pendu. Il veut devenir son propre créateur. Seul usage nécessaire : l’énergie vitale et la sagesse. Voilà sans doute la quête des prophètes de l’Alchimie. Le Pendu, pose le problème de l’homme lié à la gravitation. La gravitation physique, psychique et spirituelle. Elle occupe la place centrale comme facteur d’ordre dans le système solaire, dans celui de l’atome et dans la cellule biologique. La gravitation spirituelle symbolise l’état terrestre de pesanteur, de souffrance et de la mort, ce qui image le terme de chute évoqué pour la gravitation. Les trois cycles du Tarot, évoque l’homme charnel sous l’emprise de la gravitation terrestre, l’homme psychique qui est en équilibre avec les deux et l’homme spirituel qui vit sous la gravitation du ciel. Le pendu représente tout ça. La volonté doit percevoir l’inspiration, et rencontrer le don de la Foi.
En forme de synthèse pour cet arcane, l’homme prendrait racines au ciel pour s’épanouir sur la Terre, c'est-à-dire dans son corps. Les neuf boutons de son pourpoint rappelant que le principe créateur a tous les nombres en lui et se manifeste en premier par la Trinité. Neuf est aussi le nombre de l’Hermite (9), celui du bilan, de la quête initiatique. Le Pendu abandonne le poids de la culpabilité, prêt à rencontrer la mort. À travers la porte étroite il entre dans le monde du Soi, prêt pour une renaissance. L’édification de l’être impose ce passage, après ce long balancement à la porte du retour vers l’Unité, torturé par la terrible perception de la dualité créatrice. C’est approcher le don de soi. Avec le Pendu, on se libère, c’est un lâcher-prise, guidé par l’intuition. Mais il est douloureux le chemin. Déjà avec l’Hermite, on lâchait son tout à l’égo, avec le Pendu est venu le moment ou « la chair quitte les os ». Ce n’est pas pour rien que l’arcane qui suit est l’arcane sans nom (13). De ce fait s’annonce la capacité d’aimer enfin sans souffrir et sans faire souffrir. Tout est en soi. Les « alchimistes » chercheront à trouver dans le Pendu,  l’anagramme de L’or y vit.

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