mardi 22 août 2017

Le phasme et la blatte

On a tendance à prendre pour argent comptant les ouï-dire sur les insectes. Ce fabliau pour leur prêter d'autres principes...



Le phasme et la blatte

Tant avait amassé un phasme
Qu’il en avait comblé tous ses fantasmes.
Très embarrassé, ce bâton du Diable
Ne trouvait plus rien d’incroyable
Qui satisfasse son plaisir.
D’une immobilité parfaite
Voulant se ressaisir
Il attendait la bête
Qui lui redonne de l’envie.
L’espoir inassouvi
Vint à passer la blatte
En sa vélocité
Courant entre les lattes
De la mendicité ;
Sa bête noire, un cauchemar
Il reconnut le souffreteux
Le porteur de cafard
Le meurt de faim, le malheureux.
Il n’était pas question
Que la chapardeuse lui prenne brandillons !
« - Où cours-tu si vite larron ? »
« - L’ami, je connais ta fortune
Apprends de moi cette leçon
Elle te cause l’ennui, voilà qui t’importune
Tu amasses, te déguises en brindille
Tu crains le prédateur, la moindre peccadille
T’empêche de bien vivre
Quant aux démons te livre ! »
« - Il est sûr qu’amasser, le soin de conserver
Ne sont pas tes critères
Ni ne couvrent ton nécessaire,
Et ta vie de rapines
Des responsabilités, te prive des épines ! »
Elle aima mieux se taire,
Poursuivant son chemin.
Chaque soir le grippe-sou propriétaire
Couchait ses biens sur parchemin
Pendant que la contestataire
Drôle, courrait sans lendemain.
Chaque nuit plus radieuse que véloce
La blatte lui rendait la vie atroce.
Il voulait la source de son bonheur
Quitte à se l’acheter
Tout se paye à cette heure
Dans l’ombre il saurait la zyeuter.
Soupçonnant à bon droit, le cancrelat très vite
Du phasme en comprend l’inconduite.
Pour elle point d’argent, elle n’a rien à vendre
Tout juste à lui apprendre
Les vraies valeurs de vie.
« - Combien veux-tu la blatte pour ton gai secret ? »
Prenons date sans préavis
Pour me le donner dans ton plus grand intérêt. »
« - Compère Phasme, point d’argent,
Evite tes spasmes, je livre sans compter :
Tous les jours je fais un grand tour des indigents
Leur donne du sourire ; à ceux mal en santé
Leur porte réconfort,
A ceux dans la détresse
D’amour et d’amitié on forme un égrégore
En se portant caresses ;
A mon coffre il n’y a point de cadenas,
C’est pour toi et tes coffres qu’il y a maldonne
Vu que le seul bonheur qu’on a
Vient du bonheur qu’on donne. »


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