Pour sublimer la
matière
Cet arcane qui porte le n° 20
est de la même famille que la Justice (n° 8). Cette image symbolise la
résurrection sous l’influence du Verbe. C’est la sublimation de la matière par
l’emprise spirituelle. Ce n’est pas de jugement, mais de discernement et de bon
sens dont il est question. L’arcane n°18 la Lune,
nous montrait une éclipse allusive aux ténèbres, l’arcane n°19 le Soleil révélait la sagesse divine
sous la forme d’une lumière aveuglante si on ne l’intégre pas en soi. Il s’agit
donc bien ici d’appréhender la lumière des ténèbres et de différencier la
lumière extérieure de la lumière intérieure. L’homme est constitué pour
« rayonner ». La résurrection et la mort sont les deux aspects diurne
et nocturne, créateur ou destructeur qu’il nous faut comprendre. Que
voit-on ? L’image dénote trois niveaux. En haut un ange occupe les deux
tiers. Il est le messager et assiste à la scène qu’il éveille. L’image décrit
une naissance de l’esprit ou un ange qui réveille un mort. L’ange étant
au-dessus signifie que l’esprit domine l’intelligence. Il est vêtu d’une
auréole blanche de pureté, au centre du nuage qui symbolise l’univers invisible.
La roue de fortune de l’arcane 20 est ici céleste. En bas une terre jaune et
montagneuse ou se tiennent deux êtres ; et puis un cercueil surélevé
devant lequel ils se tiennent et d’où émerge un personnage vu de dos. L’ange
(qui peut symboliser l’archange Gabriel lors du jugement dernier) souffle dans
une trompette, dans les rayons du soleil où il flotte ; il réveille un
mort qui sort du tombeau, entouré d’un homme et d’une femme qui prient devant
lui ; tous trois sont totalement nus. Les trois personnages ont conscience
de la relation entre le ciel et la terre, de l’esprit et de la matière. Ils
sont nus révélés dans la candeur et la pureté de leur chair. Leur condition de
nudité fait allusion à l'innocence et à la pureté retrouvée, celle d'avant le
péché originel qui a séparé l'homme du paradis terrestre. C’est également une
symbolique possible de Jésus Christ sortant du tombeau. Tout autour de l’ange,
les rayons irradient comme ceux du soleil ; 19 rayons avec les 10 rouges
de l’action et les 9 jaunes de la sagesse divine qui rappellent non sans malice
la valeur des arcanes 19 (soleil) 10 (roue de fortune) et 9 (Hermite). L’ange
tient une trompette d’or représentant force et lumière. Il tient aussi un
fanion blanc de pureté ou s’inscrit en jaune le divin par la croix. C’est un
message, la page du livre de la papesse (n°2), car l’arcane 20 contient le 2 et
le 0 et le 2 peut ramener à zéro, donc au Mat, à l’inconnu.
C’est donc ici une deuxième
naissance où l’homme apprend à mourir ; son esprit et sa mentalité vont se
trouver transformés. La scène nous révèle des éléments précieux. Le Jugement et sa balance ne sont pas là
pour juger les bienfaits ou fautes commises, avec récompenses et punitions, qui
seraient une négation du libre arbitre ; au contraire, le cœur de celui
qui se soumet au jugement exprime une harmonie. C’est le dernier jugement porté
sur soi-même. C’est l’état de conscience. Porter un jugement c’est estimer la
valeur. Nous sommes nos propres juges concernant l’état de notre parcours de
vie. Les montagnes jaunes et bosselées évoquent un tremblement de terre comme
décrit dans la Bible lorsque Moïse reçoit les tables de la Loi. Naissant ou
renaissant le personnage tourne le dos à son passé face à l’Adam et Eve de
l’archétype géniteur. La corne sonore est dirigée sur lui, car il est le seul à
entendre. Il est tourné vers l’orient et la lumière. Si l’oubli, le sommeil et
la mort peuvent paraître du même effet, opposés au souvenir il convient de ne
s’endormir, ni dans la paresse, ni dans l’oubli. La roue de la fortune continue de tourner pour nous élever ou nous
précipiter. C’est la toute la mesure de la vérité, faite avec amour, plus rien
ne peut être caché. L’oubli, le sommeil et la mort sont les trois processus de
l’élimination d’un être conscient et vivant. Mais pour agir il faut oublier, il
y a donc un va et vient permanent entre la conscience ordinaire de l’état de
veille (conscience cérébrale) et la mémoire souvenir. S’endormir et mourir,
pour se réveiller et rescussiter. La résurrection est la victoire séparant
l’âme du corps. Se rappeler que le symbole de l’ourouboros (serpent qui se mord
la queue) est outre celui de l’immortalité, est aussi celui du jugement de soi.
La trompette matérialise le jugement dernier, Jéricho, et les trompettes de
l’Apocalypse. La trompette a l’aspect d’une échelle, évoquant l’ascension
spirituelle et la valorisation. Cela signifie qu’on peut s’élever de la chair,
lorsque l’on se sépare du poids de la culpabilité. L’anneau bleu évoque
l’anneau nuptial qui unit le Ciel à la terre, cela nous rappelle l’âme humaine
et l’arcane de la Lune,
fonctions reliantes et réfléchissantes entre l’homme et le divin. Les rayons
autour de l’ange est un appel victorieux de l’esprit, principe unificateur qui
pénètre et sublime la matière par son rayonnement. Ils éclairent l’arcane de la
lumière de la conscience. Le ressuscité, offre un dos qu’il nous faut bien
comprendre. On découvre au niveau de la taille une grande différence entre le
côté gauche et le côté droit (Homme/Femme). Il s’agit ici d’un code du dessin
pour révéler l’être unifié masculin-féminin. Nous sommes en présence
d’androgyne symbolique. L’union se réalise dans cet être nouveau qui émerge du
sépulcre à la couleur verte, symbolisant la fécondité. Déjà la Tempérance avait montré l’union des
opposés comme moyen d’élever la chair par un dépassement de soi. Ici la
naissance de cet être unifié qui au souffle de l’esprit, suite à l’appel de
l’ange montre l’accomplissement de sa transmutation. Les deux personnages en
prière, traversés par l’esprit sont la représentation des mondes masculin et
féminin, célébrant le mariage sacré entre la chair et l’esprit. Tout comme le Bateleur, Le jugement est l’arcane de naissance, de l’union de la femme et de
son animus, ou de l’homme et de son anima. Pour que l’androgyne s’éveille à la
conscience, il a fallu que l’homme ou la femme meure. Le Tarot nous signale
dans certains jeux, d’un clin d’œil, en inversant l’ombre du nombre afin de
bien qu’il est nécessaire de passer de l’autre côté du miroir. Porter un
jugement sur soi, conduit toujours à une prise de conscience de soi. C’est
apprendre à se connaître. L’arcane montre aussi l’enfant face à ses parents, le
fameux triangle Œdipien, schéma de base de construction psychique. A nous de
passer le miroir. L’ange dit que la réalité est du côté de l’immatériel. Il
nous dit que la psyché est la véritable objectivité. Le Jugement symbolise la vocation de l’être humain à prendre
conscience de lui-même pour révéler le monde.
Cet
arcane du Jugement, représente ainsi la
naissance suivante et la résurrection.
La conscience naît continuellement des profondeurs de l’âme universelle.
Le Bateleur (n° 1) conscient, évolue
sans peur dans l’espace-temps, parcourant toute l’histoire métaphysique, dès
son départ en route vers la porte d’éternité. Il a pris dans le baluchon du
fou, un fou poussé de dos par l’animalité, tous les outils nécessaires (connus
et méconnus) pour y parvenir. Il va comprendre que le corps humain est
identique à l’Univers comme le microcosme l’est au macrocosme. Il n’a
(presqu’au bout de sa quête) plus besoin d’égo, il sait que sa naissance
enrichi l’univers, et qu’il est enfin sur le chemin d’un autre temps identifié.
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